« A chaque moment du temps, à côté de ce que les gens considèrent comme naturel de faire et de dire, à côté de ce qu’il est prescrit de penser, autant par les livres, les affiches dans le métro que par les histoires drôles, il y a toutes les choses sur lesquelles la société fait silence et ne sait pas qu’elle le fait, vouant au mal-être solitaire ceux et celles qui ressentent ces choses sans pouvoir les nommer. Silence qui est brisé un jour brusquement, ou petit à petit, et des mots jaillissent sur les choses, enfin reconnues, tandis que se reforment, au-dessous, d’autres silences. »
Annie Ernaux, Les années
Commentaires
« … tandis que se reforment, au-dessous, d’autres silences » …
Pour honorer celui qui est entré dans le « silence éternel » et rappeler la « sonorité » de sa présence … on l’honore d’une « minute de silence » …
Le silence, c’est la porte d’entrée de la pensée … et du souvenir …
Répétée cent fois ou plus, cette citation n'en prend pas pour autant une seule ride :
- "Ecrire, c'est d'abord ne pas être vu".
Silences voulus, imposés ou inconscients; tous suscitent mon intérêt.
À moins que tu ne l'aies emprunté à la bibliothèque, tu me le prêterais?
Majorque est grise et humide ce midi. Un beso.
@ Doulidelle : Belle porte d'entrée...
@ JEA : Une définition d'une évidence inattendue.
@ Colo : Le "mal-être" dont parle Annie Ernaux n'est-il pas derrière ces larmes que suscite le silence de Marina Abramovic au MOMA ? Un autre lien sur cette "performance" : http://next.liberation.fr/article/marina-abramovic-aux-larmes-et-caetera
Je te prêterai ce livre, bien sûr.
Merci des deux liens sur Marina Abramovic … interpelant à notre époque de la « diarrhée verbale » et du « parler pour ne rien dire » … moins évident ses tortures à la limite de la mort ...