Les matinées ensoleillées sont trop rares, cet hiver, pour résister à l’appel de la lumière en ce premier samedi de février. Le soleil encore bas manque de générosité sur les trottoirs, mais aux étages, les façades s'y réchauffent déjà.
Une fois de plus, dans Schaerbeek au riche patrimoine architectural, je me réjouis en passant devant ses belles maisons du début du XXe siècle ou de l’entre-deux-guerres, soigneusement préservées par leurs propriétaires. Avenue Emile Verhaeren, une plaque commémorative rappelle où est née Andrée De Jongh, initiatrice du réseau d’évasion Comète.
Non loin de la gare de Schaerbeek, certains immeubles d’angle ne manquent pas de cachet, ils arborent fièrement leur année de construction, leurs oriels. Nous descendons vers le canal, où le bain de lumière est assuré.
Du pont Van Praet, la vue vers la gare et l’incinérateur sur l’autre rive manque de charme, et avec la circulation automobile incessante à cet endroit, même le week-end, il y a de quoi décourager les promeneurs.
Mais de l’autre côté, les aménagements pour les piétons et pour les cyclistes attirent tout de même quelques passants. Entre le canal et la chaussée qui longe l’enceinte de briques du domaine royal, le soleil prend ses aises.
Sur l’eau, deux avironneurs tracent des signes éphémères dans leur sillage. De grands nids dans les arbres du roi, juste derrière le mur : nous observons des hérons qui vont et viennent, affairés entre ciel et terre.
Je rêve, en songeant aux bords de la Limmat à Zurich, à ce que pourrait devenir un tel endroit libéré du trafic. Un escalier, plus loin, descend sur le quai, invite au demi-tour. Voilà L’Espoir, une péniche dont le pilote répond sans façon à mon salut.
Nous remontons en zigzags vers le square Riga, le nez en l’air. Tant de détails à observer, d’une époque où les architectes ne craignaient pas les ornements ou n’en faisaient pas l’économie, c’est selon. J’ai manqué l’arbre à poèmes du parc Huart Hamoir, j’y retournerai pour relire Quand passent les poètes.
Mais je me suis arrêtée pour photographier ce tour de porte sculpté : le fer forgé en épouse parfaitement les motifs végétaux – où vont se nicher l’art et la vie. Une belle matinée, vous ne trouvez pas ?
Commentaires
Quelle promenade magnifique tu nous permets de faire avec toi, Tania
J'aime beaucoup tes photos.
C'est amusant (mais plus que ça)de reconnaître des coins de sa ville, mis en valeur par l'accent que tu leur donnes...
Merci!
La gare de Schaerbeek ?
Une pensée pour Meyer Klein qui s'en évada le 24 octobre 1942 malgré une escorte allemande armée l'emmenant depuis les Ardennes de France. Mais repris à Anvers. Et le même jour, mis à Malines dans le convoi XIV-XV pour Auschwitz.
Une bien belle promenade Tania, j'ai été frappée par de magnifiques façades lorsque j'ai fait un trop bref séjour à Bruxelles, hélas en formation je n'ai eu aucun moment à consacrer à la ballade, les façades entrevues du bus seulement m'ont donné envie d'y retourner plus longuement
Une bien belle matinée certes .. le soleil est en effet bien rare en ce début d'année et il faut en profiter sans tarder. J'ai admiré les belles façades, comme toi je me prends souvent à rêver de ce que certains endroits pourraient devenir avec un peu de volonté derrière.
En ces quelques jours de fin d’hiver, Tania avec son objectif, a habilement saisi la pureté de l’air qui réjouit les bouts de façades ensoleillées … l’ombre est un voile pudique sur le reste … le soleil est si bas qu’il semble apeuré … Félicitations à l’artiste photographe qui a capté tout ça … et à l’écrivaine qui nous offre ses raffinés commentaires …
Vu que la lumière est douce et belle chez toi, on pourrait aller ensemble, dans pas "trop" longtemps, voir cet arbre à poème...non?
Une promenade qui donne envie d'être votre compagne de déambulation.
Oh comme elle est agréable cette promenade dans Bruxelles dont je rêve souvent...