A la fenêtre où sont les jacinthes bleu-Pâques,
Une Année au visage oublié m’apparaît
D’entre l’odeur des bleues jacinthes, et les vagues
Parfums que les printemps disparus arboraient.
C’est l’année où, par les innocentes prairies
Où le bonheur mêlait indolemment leurs jeux,
Les beaux avant-héros et les avant-meurtries
Dansaient avec la Paix sous les pommiers neigeux.
O mil neuf cent quatorze en fleur, ô jeune fille-
Année, avec quel doux désespoir désuet,
Profonde comme une ancienne photographie,
Ton âme entre les bleues jacinthes apparaît…
Marcel Thiry (Plongeantes Proues, 1925)
* * *
Recommencer, naître à nouveau, voilà
ce que disait le Maître, ce que nous
n’avions pas compris. Nous regardions
le ventre de la terre, les nuages, le ciel
et demeurions aveugles, tandis que l’hirondelle
revenait à sa place exacte, reprenait
possession du vent. Et nous, qui de si loin
désirions partir, nous restons sur le seuil
sans savoir où aller, comme prisonniers
d’une route invisible et de la peur de perdre,
en plongeant dans la lumière d’avril,
le goût de l’eau, le parfum des ombres
et le plaisir de toujours remettre à demain…
Guy Goffette, Printemps I (Le pêcheur d’eau, 1995)
* * *
Le second poème, je l’ai ajouté après avoir appris que Guy Goffette avait rejoint le ciel qu’il aimait tant.
A vous qui passez ici,
bonne fête de Pâques !
Tania