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décès

  • Commencement

    « C’était l’été où l’homme a pour la première fois posé le pied sur la Lune. J’étais très jeune en ce temps-là, mais je n’avais aucune foi dans l’avenir. Je voulais vivre dangereusement, me pousser aussi loin que je pourrais aller, et voir ce qui se passerait une fois que j’y serais parvenu. En réalité, j’ai bien failli ne pas y parvenir. Petit à petit, j’ai vu diminuer mes ressources jusqu’à zéro ; j’ai perdu mon appartement ; je me suis retrouvé à la rue. Sans une jeune fille du nom de Kitty Wu, je serais sans doute mort de faim. Je l’avais rencontrée par hasard peu de temps auparavant, mais j’ai fini par m’apercevoir qu’il s’était moins agi de hasard que d’une forme de disponibilité, une façon de chercher mon salut dans la conscience d’autrui. Ce fut la première période. A partir de là, il m’est arrivé des choses étranges. J’ai trouvé cet emploi auprès du vieil homme en chaise roulante. J’ai découvert qui était mon père. J’ai parcouru le désert, de l’Utah à la Californie. Il y a longtemps, certes, que cela s’est passé, mais je me souviens bien de cette époque, je m’en souviens comme du commencement de ma vie. »

    Paul Auster, Moon Palace (1989, traduit de l’américain par Christine Le Bœuf, 1990)

    * * *

    Premier paragraphe du premier roman que j’aie lu de Paul Auster, en février 1991.
    En ce premier mai où j’apprends qu’il n’est plus de ce monde depuis hier, émue, je me souviens de cette première lecture qui ouvrait un long compagnonnage dans ma vie de lectrice. Son dernier roman, Baumgartner, vient de paraître – je me réjouis d’aller le chercher en librairie.
    Je pense à Siri Hustvedt.