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poésie - Page 40

  • Rond-point

    Florilège d’automne / Poésie

    Mon amie, je t’aime
    et nous irons en Mésopotamie
    broder sur ce thème.

    Godward John William Dolce far niente.jpg
    Godward John William,  Dolce farniente

    Ne restons pas ici, la vue est trop bornée.
    Allons vers les contrées lumineuses,
    nous chasserons le jabiru dans les palétuviers,
    nous écouterons la musique verte des fleuves.
    Je te conduirai sur une montagne taillée à pic ;
    de là, tous les détails se perdront dans l’ensemble
    tu donneras tes lèvres rouges au soleil d’or,
    et nous redescendrons en courant.

    Dites oui
    et nous danserons des danses inédites
    au son d’un orchestre inouï.

    Nous visiterons les musées ;
    nous présenterons des condoléances au gardien ;
    nous irons dans les magasins de nouveauté,
    acheter des rubans de soie et des pantoufles de couleur.
    Au jardin zoologique proche
    nous jetterons des noisettes dans la cage du mandrill
    et en revenant par les petites rues désertes
    nous tirerons aux sonnettes des maisons.

    Je chanterai : ma mie, ô gué…
    tu m’appelleras : vaurien, artiste,
    et quand nous serons fatigués d’être gais
    nous serons contents d’être tristes.

     

    Paul Neuhuys, Le canari et la cerise (1921)
    (On a beau dire, Labor, Bruxelles, 1984 – anthologie)

  • Et qu'importent

    "Et qu'importent et les pourquoi et les raisons
    Et qui nous fûmes et qui nous sommes :
    Tout doute est mort, en ce jardin de floraisons
    Qui s'ouvre en nous et hors de nous, si loin des hommes.

    Je ne raisonne pas, et ne veux pas savoir
    Et rien ne troublera ce qui n'est que mystère
    Et qu'élans doux et que ferveur involontaire
    Et que tranquille essor vers nos parvis d'espoir.

    Josaphat Verhaeren.JPG

    Je te sens claire, avant de te comprendre telle ;
    Et c'est ma joie, infiniment,
    De m'éprouver si doucement aimant
    Sans demander pourquoi ta voix m'appelle.

    Soyons simples et bons - et que le jour
    Nous soit tendresse et lumière servies,
    Et laissons dire que la vie
    N'est point faite pour un pareil amour."

     Emile Verhaeren, Les heures claires