Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Belgique - Page 16

  • Son seul modèle

    wouters,rik,exposition,bruxelles,mrbab,2017,peinture,sculpture,dessin,art,belgique,culture,intérieur d'aquafortiste
    Rik Wouters, La Dame au collier jaune [Intérieur D], 1912, huile sur toile, 121,5 x 109,8 cm, Bruxelles,
    Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 4741, don de Mme Gabrielle Giroux, 1928
    © Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles / photo : J. Geleyns - Ro scan

    « Peintre épris de couleur et de lignes enchantées, sculpteur hors normes, obsédé par l’amplitude, la générosité des volumes, dessinateur soucieux d’épure et du trait qui enveloppe et confie du cœur à ses sujets, Rik Wouters (1182-1916) fut aussi l’amoureux de Nel. Auprès d’elle, il vécut douze années d’une complicité à toute épreuve : elle fut son seul modèle. »

    Guy Duplat, Rik Wouters en toute humilité, La Libre Belgique, 13/3/2017.

    Rik Wouters, Exposition rétrospective, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, 10.03 > 02.07.2017

  • Aquafortiste

    wouters,rik,exposition,bruxelles,mrbab,2017,peinture,sculpture,dessin,art,belgique,culture,autoportrait« C’est dans la période de 1908 à 1911 que Rik Wouters fit toute son œuvre gravée. Son métier, il le créa lui-même ; il n’avait jamais appris la technique de la gravure mais, avec sa ténacité de Flamand, il chercha et parvint à surmonter toutes les difficultés du métier. Durant cette période, il consacra presque toutes ses soirées à l’eau-forte. Le jour, il peignait et sculptait mais, le soir venu, il s’enfermait dans la chambre atelier afin de s’adonner librement et en toute tranquillité à sa nouvelle passion, ou bien il s’en allait, le portefeuille sous le bras, dessiner dans le village les sujets qui avaient frappé son attention. »

    Nel Wouters

    Roger Avermaete, Rik Wouters, Jacques Antoine, Bruxelles, 1986.

    Rik Wouters, Exposition rétrospective, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, 10.03 > 02.07.2017

    Rik Wouters, Intérieur d'aquafortiste B - Table d'aquafortiste, 1909, Musée des Beaux-Arts, Anvers

  • Rik Wouters

    RIK-WOUTERS_Portrait of Rik.jpg
    Portrait de Rik (sans chapeau)
    , 1911, huile sur toile, 30 x 32 cm, collection privée
    © photo Vincent Everarts Photographie, Bruxelles

    « Né à Malines le 21 août 1882, il meurt à Amsterdam le 11 juillet 1916. Dans cette vie d’artiste, rien à signaler qui ne soit le sort de beaucoup d’humains : les difficultés matérielles au début, le succès somme toute assez rapide, la guerre qui l’arrache à son travail, l’internement dans un camp en Hollande, la maladie, les interventions chirurgicales, la mort. C’est là une vie pareille à beaucoup d’autres et que marque seule une fin prématurée. Mais il se fait que cet homme produit des œuvres comme le rosier des roses. Dès lors, on s’arrête et on s’étonne, car s’il est normal que le rosier donne des roses, il est insolite et rare que l’homme produise des œuvres qui retiennent l’attention ; mieux, qui émeuvent ou qui envoûtent. Et, forcément, l’on se penche sur l’homme doué de ce pouvoir mystérieux. »

    Roger Avermaete, Rik Wouters, Jacques Antoine, Bruxelles, 1986.

    Rik Wouters, Exposition rétrospective, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, 10.03 > 02.07.2017

  • Jaloux

    Tirtiaux couverture.jpg« Luise, ma Luise, que n’as-tu commencé une seule de tes lettres par « Mon amour » plutôt que par ce « Mon grand frère adoré » qui maintient entre nous cette distance dommageable à mon cœur ? Tu me libérerais d’un poids terrible.

    Il y a un mot pour nommer ce sentiment, un mot qui me fait horreur parce qu’il rapporte tout à soi, qu’il juge et emprisonne l’autre, s’attribue ce qui ne nous appartient pas ; et ce mot n’est autre que « jalousie ». Je deviens jaloux de ton Daniel, de toi, de vous, d’un bonheur qui, dans ma petite tête, me revient de droit et qui m’est subtilisé. »

    Bernard Tirtiaux, Noël en décembre

  • Noël et Luise

    Un titre parfait pour un cadeau de Noël (merci) : Noël en décembre (2015) de Bernard Tirtiaux conte une histoire d’amour, celui de Noël pour Luise. Dans ce septième roman du maître verrier dont vous avez peut-être lu le premier, Le passeur de lumière, c’est Noël Molinaux qui raconte : « Je t’ai vue naître, Luise, de mes yeux vue, et, tout enfant que j’étais, ta venue est restée incrustée en moi comme si tu t’étais ramifiée à mes veines, greffée comme un écho aux battements de mon cœur, au timbre de ma voix. » (Incipit)

    tirtiaux,bernard,noël en décembre,roman,littérature française,belgique,écrivain belge,amour,guerre,famille,culture
    Sur les hauteurs de Saint-Jean-Sart (Aubel) © Isa (Les photos d’Isa)

    Un jeu de circonstances amène Klara von Ludendorff, fille unique d’un Berlinois fortuné, étudiante en chimie à l’Institut Solvay (Bruxelles), à accoucher en terre wallonne. Son amant enfui, elle a décidé de garder l’enfant. Ses parents chez qui elle rentre à la fin de l’année universitaire n’en savent rien. Le 27 juin 1914, dans un train en route vers Cologne, elle ressent les premières contractions.

    Au signal d’alarme, le train s’arrête « en pays de Herve entre bocages et prairies », près d’une route où Léopold, 13 ans, et Noël, 4 ans et demi, accompagnent le vieux Jeff sur une charretée de foin. Coïncidence, leur mère est sur le point d’accoucher en présence du Dr Duculot, un cousin. C’est la grand-mère de Noël qui vient en aide à Klara : Luise naît sous les yeux du gamin, juste avant sa petite sœur, Lucienne.

    Klara n’a pas de lait – la mère de Noël allaite donc aussi « ce petit chat blond aux yeux très bleus dont la fixité (le) fascinait ». Sur les conseils du grand-père, ancien maïeur du village, Klara regagne Berlin seule, à la mi-juillet, « pour se donner le temps d’arrondir les angles ». Mais elle ne revient pas en août 1914, entre-temps l’Allemagne a envahi la Belgique.

    Le père de Noël est appelé ; il compte sur Léopold, « un débrouillard de première » pour veiller sur la ferme avec ses grands-parents. Bientôt les bombardements autour de Liège leur font prendre la route de l’exode. Deux mois plus tard, ils retrouvent la maison pillée, tout sens dessus dessous.

    Noël 2014 est le premier des nombreux Noëls racontés dans ce roman, un moment fort dans la famille, « l’événement majeur de l’année ». Malgré la guerre, on décore le sapin, on prépare le banquet familial, l’abbé Varlet est convié : grives et sandres de Meuse en entrée, purée de marrons et biche rituelle, grâce au grand-oncle braconnier. La cave a été dévalisée, mais Léopold a ramené du vin et du champagne d’une maison en ruine.

    Le grand-père tient son interminable discours de circonstance quand des soldats « boches » font irruption, les enferment tous dans l’arrière-cuisine pour se rassasier de toutes ces bonnes choses. Il ne leur reste que les bûches à se partager. Fou rire tout de même quand un oncle reprend alors un passage du discours tenu juste avant : « Ayons une pensée solidaire pour nos braves soldats et les quelque 600 000 prisonniers… » !

    Ambiance de guerre, passage des saisons. Noël entre à l’école primaire en septembre 1915. Son père est prisonnier en Allemagne, ses sœurs grandissent – Luise est considérée comme telle – et Noël veille sur elles quand sa mère ou sa grand-mère sont trop occupées. Doué pour le dessin, il aime les croquer, Lucienne la ronde et Luise la claire qui chantonne, matin, midi et soir.

    Leur grand frère Léopold s’amuse de tout, ose tout. A la messe de minuit de Noël 1917, à laquelle des Allemands assistent aussi, Léopold disparaît après la communion. Une embuscade attend au retour la voiture de l’officier et de ses acolytes, attaquée, brûlée. La réponse est terrible : les trois fils aînés des voisins sont fusillés et cinq autres adolescents. Quand Léopold réapparaît à la fin de la semaine, sa mère lui donne une gifle monumentale et il s’en va.

    La guerre terminée, le père revient, affaibli. Léopold donne rarement des nouvelles, ne parle que de lui et de ses exploits dans ses lettres. Tous craignent à présent le retour de Klara pour venir reprendre Luise, mais elle ne se manifeste pas. Quand la petite « va sur ses huit ans », on décide de lui raconter d’où elle est venue. Elle confie à Noël sa tristesse de ne pas être de leur sang. Il la rassure : depuis sa naissance, elle est son « étoile » et il la défendra toujours, y compris contre ceux qui l’accusent d’être allemande ou juive.

    Ce n’est qu’en 1922 qu’une lettre arrive de Vienne : Klara y explique son silence par obéissance à son mari épousé pendant la guerre, mort depuis deux ans. Elle vient de se remarier avec Josef Stern, un juriste, et ils sont prêts à accueillir Luise. Quand ils l’emmèneront, Noël, le cœur arraché, les traitera de « Sales Boches ! Voleurs d’enfants ! » Son premier Noël sans Luise est d’une tristesse à peine consolée par un merveilleux cadeau : un appareil photographique.

    Noël en décembre suit les péripéties de cet amour indéfectible de Noël pour Luise. Entre les deux familles, des liens forts subsistent, on se revoit, on s’écrit, on fête Noël ensemble, en Belgique ou à Vienne. Noël devient journaliste, Luise musicienne, une pianiste très appréciée. Mais la deuxième guerre mondiale les entraînera tous dans la tourmente : sans nouvelles de Luise, Noël fera tout pour la retrouver, en espérant qu’elle ait survécu.

    Le récit parcourt une trentaine d’années, de juin 1914 à décembre 1945, au sein d’une famille wallonne confrontée deux fois à la guerre avec l’Allemagne. Comme l’écrit Marguerite Roman (Le Carnet et les Instants), Bernard Tirtiaux y a mis « des personnages attachants, ce qu’il faut de suspense, d’inquiétude et de consolation. »