Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Instable

Slimani Le parfum.jpg« Toute ma vie, j’ai eu l’impression d’être en minorité, de ne pas partager avec les autres une communauté de destin. Je n’ai jamais respecté de traditions, de rites. Les joies collectives m’effraient. Au Maroc, je suis trop occidentale, trop francophone, trop athée. En France, je n’échappe jamais à la question des origines, « En étrange pays dans mon pays lui-même » (Aragon). Pendant longtemps, je me suis détestée d’être si nerveuse et instable. Mes contradictions étaient invivables. Je voulais qu’on m’accepte et puis je ne voulais pas être des leurs. »

Leïla Slimani, Le parfum des fleurs la nuit

Commentaires

  • Ce positionnement "le cul entre deux selles" comme dit Montaigne, Leïla Slimani le vit entre deux cultures, deux appartenances. Il peut se vivre aussi sur d'autres plans. Par exemple pour beaucoup de malades mentaux, de handicapés, assimilés de l'extérieur à l'inintelligence ou l'inculture, et pour cela mésestimés voire méprisés. C'est l'expérience de ma fille. C'est une épreuve, aux deux sens : source de bien des souffrances, mais aussi occasion de découvrir sa force. Et surtout cela peut conférer une tolérance, une ouverture dont peu de gens "stables" sont capables.

  • Merci d'en témoigner ici, Ariane. Il y a toujours à apprendre des épreuves et surtout des autres, quelles que soient les apparences.

  • toujours cette obligation de devoir choisir son camp (et en même temps n'être ni assez de l'un, ni assez de l'autre, toujours trop ou trop peu) c'est tellement reconnaissable!
    (et j'en ai tellement assez de devoir me "définir")

  • C'est de la paresse intellectuelle de vouloir mettre ce genre d'étiquettes. Michaux : "Il n'est pas un moi. Il n'est pas dix moi. Il n'y a pas de moi. MOI n'est qu'une position d'équilibre."

  • Cet extrait me fait penser à Silvia Baron Supervielle, mi Argentine, mi-Française qui avait trouvé dans cet entre-deux une grande liberté dans le fait d'être considérée différente et donc de pouvoir être elle-même.
    Ne pas faire et penser comme les autres, je le vis, est plus facilement accepté.

  • J'imagine que cela dépend des caractères. Leïla Slimani écrit cela au passé, je suppose qu'elle se sent mieux à présent.
    Bon dimanche, Colo.

  • Je reviens car les différences culturelles et religieuses sont vraiment très grands entre le Maroc et La France, bien plus qu'entre l'Espagne et la Belgique par exemple. Même que l'Argentine et la France.
    C'est un peu comme un dédoublement de personne à réaliser...mais tu as raison, la dernière fois que je l'ai vue à la télé, il n'y pas longtemps, elle semblait être fort bien dans sa peau. Je le lui souhaite.
    Bonne soirée Tania.

  • Ces difficultés, j'en ai été témoin chez certaines de mes élèves marocaines, contraintes de choisir ou de se dédoubler, en effet, selon les personnes qu'elles fréquentent.

  • Ce que tu écris m'a intéressée, mais aussi, Adrienne, et Ariane surtout franchement!!! Et aussi ta citation de Michaux. Quel passage chez toi!!!

  • Au bonheur des commentaires !

  • C'est toujours très difficile il me semble d'appartenir à deux cultures. Nous sommes encore dans un monde binaire, de là vient la souffrance... Restons confiantes et confiants.

  • Fille d'une Flamande et d'un Wallon, j'ai toujours ressenti cela comme une richesse, pour ma part. Depuis quelques années, nous nous réunissons entre cousins pour la fête nationale et c'est un joyeux mélange de français et de flamand autour de la table. N'empêche que nous baignons dans des cultures de plus en plus différentes (médias, chanteurs, par exemple) et que nous ressentons les pressions communautaires (même en région bruxelloise au statut bilingue).
    Oui, gardons confiance, tu as raison. Bonne soirée, Brigitte.

  • Beau débat dans les commentaires !
    Je verrai plutôt la double culture comme une chance, mais cela doit dépendre tellement du vécu (rejet, stigmatisation...) de l'enfant.

  • Oui, c'est une chance, mais dans ce cas une confrontation perpétuelle aux questions sur l'identité très lassante, je peux l'imaginer.

Écrire un commentaire

Optionnel