« C’est ce visage, cette expression, que j’avais en tête à Rouen, non, avant déjà, quand je la voyais descendre de la colline et atteindre en clopinant le village de montagne en Provence. Elle a dû elle aussi porter ce genre de vêtements somptueux durant ses jeunes années à Rouen – même si la suggestion du riche brocart convient mieux à cette femme mariée de la noblesse que j’ai ici sous les yeux.
Le marbre de son vêtement est peint de motifs délicats ; ses petits seins sont élégamment mis en valeur par un plissé raffiné ; le marbre non peint représentant les manchettes de sa chemise en dentelle est d’un grand raffinement. Les mains sont jointes fermement et sereinement ; les pouces fins pressés l’un contre l’autre suggèrent la concentration dans la prière. »
Stefan Hertmans, Le cœur converti
A gauche : Jeanne de Boulogne priant (cathédrale de Bourges)
Commentaires
Quelle oeuvre magnifique. J'admire la finesse des traits et des détails de la robe.
N'est-ce pas ? Visiter un jour la cathédrale de Bourges...
Le coeur converti me fait penser à Le coeur cousu qui ne traite pas du tout du même thème mais tout de même de résistance à l'oppression. Jeanne est très inspirante
J'avais aimé ce roman de Carole Martinez, mais je n'aurais pas pensé à le rapprocher de celui-ci. Bonne journée, Zoë.
Jeanne de Boulogne priant convient bien à ton extrait. Belle adéquation. Parfois l'image accompagne si parfaitement, c'en est troublant! Comme si comme en physique quantique, tout se tenait.....
C'est bien à cette statue de Bourges où il visite la cathédrale que Stefan Hertmans consacre les deux pages du roman où j'ai repris cet extrait, il la décrit magnifiquement.
Quelle belle rencontre par-delà le temps : cette sculpture qui appelle au mysticisme et ce texte qui parle du coeur.
Absolument. Merci, Lazuli biloba.