« Je n’aime pas parler, les mots ne sortent pas facilement, c’est peut-être parce que mes dents et ma langue sont de travers. Il y a comme des nœuds dans ma bouche qui empêchent les mots de sortir. En moi, je construis de jolies phrases, mais dès que je veux qu’elles sortent pour prendre l’air et devenir des sons, ils trébuchent et se cachent. « Ne sois pas triste pour ça, mon chat », disait Emma, « l’essentiel, ce n’est pas de parler, mais de comprendre. Et tu comprends très bien, je le sais. » »
Verena Hanf, La griffe
Commentaires
Joliment dit, oui mon chien aussi comprend tout, je me demande si pas avant moi, parfois;-)
C'est la petite Alma qui parle ici. Mais oui, nos animaux de compagnie perçoivent tant de choses !
Oh, j'ai mal compris (oui, oui !!) le sens de cet extrait, désolée.
Comprendre sans pouvoir l'exprimer...ça arrive à tant et tant, mais ça peut s'apprendre...
Pas de souci, tu n'avais pas le contexte...
Avec l'expression personnelle, on aborde à des domaines vastes!
Moi, je me demande toujours ce qui se passe AVANT le langage; le bébé qui ne parle pas encore semble comprendre, mais qu'en est- il? Lui qui n'a pas "voyagé" sait -il ce que sont une table, des chaises? Et les notions abstraites? La mort (à laquelle les adultes ne comprennent pas grand chose?) l'absence? L'art?
Peut-être y a-t-il une continuité avec cet "avant" même après l'apprentissage du langage : je pense à ce que nous ressentons sans trouver les mots pour l'exprimer, aux choses (gestes, sensations, émotions ) que notre corps appréhende mais qui n'entrent pas dans le discours verbal, la partie immergée de l'iceberg... Virginia Woolf dans "Mrs Dalloway" en montre quelque chose.