« En réalité, ce genre de portrait vient à la fin du voyage plutôt qu’au début, une fois qu’on a lu, relu, bien lu, assez lu, et qu’on pense avoir compris quelque chose. Ou bien, alors qu’on n’en peut plus et qu’il faut en finir, en choisissant, en tranchant dans le vif de l’auteur, car trop d’angles sont possibles. Trop d’attaques. Trop d’infini dans la littérature. Pour ne pas se perdre, on ramasse, on condense. On digère et on restitue le produit de cette digestion rapidement, avec la sécheresse de la synthèse et son caractère impersonnel. On perd les oscillations du temps, de la jeunesse enfuie, on perd ce tremblé qui est, aussi, la manière dont on vacille quand on lit. »
Emmanuelle Lambert, Giono, furioso
Commentaires
J'aime la fin de l'extrait; c'et superbe! Et juste!
Bon 1° week-end de confinement...A lire!
Ravie que tu aimes aussi ce "tremblé", Anne. Le confinement belge débute demain soir, certains magasins "non essentiels" sont pris d'assaut aujourd'hui avant leur fermeture.
Pas grand-chose ne changera pour nous, depuis le rebond de la deuxième vague, nous sommes très prudents. Un peu de soleil aujourd'hui - espérons que novembre sera plus lumineux qu'octobre !
Quelle justesse dans le choix de cet extrait ! Tout lecteur a connu ce tremblement, et je dirais même ce vacillement.
J'aime beaucoup ce passage, merci de l'apprécier & bonne après-midi à toi.