« Nous allâmes par le plus beau temps vers les vignes, et nous y restâmes une demi-journée. Comme nous nous disputions à trouver les plus belles grappes, à qui remplirait plus vite son panier ! C’était des allées et venues des ceps à la mère, il ne se cueillait pas une grappe qu’on ne la lui montrât. Elle se mit à rire du bon rire plein de sa jeunesse, quand arrivant après sa fille, avec mon panier, je lui dis comme Madeleine : - Et les miens, maman ? Elle me répondit : - Cher enfant, ne t’échauffe pas trop ! Puis me passant la main tour à tour sur le cou et dans les cheveux, elle me donna un petit coup sur la joue en ajoutant : - Tu es en nage ! Ce fut la seule fois que j’entendis cette caresse de la voix, le tu des amants. Je regardai les jolies haies couvertes de fruits rouges, de sinelles et de mûrons ; j’écoutai les cris des enfants, je contemplai la troupe des vendangeuses, la charrette pleine de tonneaux et les hommes chargés de hottes !... Ah ! je gravai tout dans ma mémoire, tout jusqu’au jeune amandier sous lequel elle se tenait, fraîche, colorée, rieuse, sous son ombrelle dépliée. »
Balzac, Le lys dans la vallée
Commentaires
Oui, on croit tout graver dans la mémoire, mais il faut aussi l'écrire, et l'écrire si bien…………….Car que deviennent nos souvenirs lorsque nous partons? C'est ainsi que les grands écrivains restent, par leurs écrits……………...amitiés très chaude!s
Ravie que cet extrait te parle, Anne. Bonne fin de journée, très ensoleillée ici aussi.
Quelle sensualité dans cette écriture...
N'est-ce pas ? Bonne journée, Anne. Saurais-tu ce que sont les sinelles ?
Ah! Les vendanges! J'ai eu l'occasion de participer à quelques unes, c'est très fatigant mais tenir dans ses mains une grappe lourde de tout ce bon jus, c'est magique! Merci pour l'extrait Tania.
Espérons qu'à la saison des vendanges, nous pourrons aller nous promener au milieu des vignes, Zoë. Bonne journée, météo estivale ici.
Très beau texte.. ravi de l’avoir lu grâce à vous.
Einstein Code
Merci. Etes-vous un code blog ou un code pub ?