A Jo V., qui saura pourquoi.
Après la Brafa, la plus somptueuse des foires bruxelloises d’antiquités et d’art, le printemps en ramène d’autres, comme Eurantica au Heysel à la fin du mois de mars et bientôt Art Brussels, pour l’art contemporain. Il y avait du monde à l’ouverture d’Eurantica, qui propose une grande variété de belles choses à des prix plus accessibles, du mobilier, des objets d’art, de l’argenterie, des pendules, de la belle vaisselle, des bijoux, en plus des tableaux et des sculptures.
Certains stands ressemblent à des cavernes d’Ali Baba, d’autres mettent quelques pièces en valeur, comme celui de cet exposant (je n’ai pas noté son nom, malheureusement) qui avait rassemblé de superbes boites asiatiques anciennes sur une table, sous un grand paysage. Un ensemble très harmonieux, un bel accord entre les couleurs.
Voici dans une vitrine une petite variante en bronze du grand chat de Marcel Sandoz vu au Cinquantenaire à l’exposition Horta & Wolfers. L’étiquette est illisible sur ma photo, j’aurais dû me renseigner davantage. C’est une pose caractéristique, celle du chat veillant assis, les yeux clos, les oreilles pointées vers le moindre son qui vaudrait la peine de se réveiller.
© Paula Swinnen, Table aux oiseaux
Plus loin, j’ai retrouvé la patte, je veux dire la main, de Paula Swinnen dans une table basse aux oiseaux. Sur son site, l’artiste bruxelloise définit ainsi son travail : « dessiner en bronze ». Plus baroques que le mobilier de Diego Giacometti, ses tables, paravents, miroirs servent comme chez lui de perchoir à toutes sortes d’animaux, ici un escargot, une libellule en compagnie de divers oiseaux. Elle façonne aussi de petites tables aux nénuphars qu’elle rassemble en « lagon » (photos).
Quelques objets présentés par Arthus Gallery
Au stand de la Galerie Arthus, on a envie de toucher les belles céramiques et sculptures en bois, des œuvres de différents artistes que vous pouvez retrouver en ligne. Mais le regard est attiré d’abord par un ensemble de céramiques Ardmore sur des étagères : originaires d’Afrique du Sud, ces pots, vases, plats et objets divers aux couleurs vives s’inspirent de la faune et de la flore africaines – un univers exubérant. Des animaux sauvages à retrouver dans de grandes et superbes photographies par David Yarrow à la Leonhard’s Gallery, la plupart en noir et blanc.
Juliette Cambier, Les anémones
Quel bonheur de découvrir chez Jean Nélis ce merveilleux bouquet de Juliette Cambier ! Cette peintre bruxelloise (1879-1963), connue surtout pour ses fleurs, a peint aussi des paysages et des portraits. Amie de Renoir, Signac, Vuillard, Sérusier (dixit le Dictionnaire des peintres belges), on la rapproche parfois d’Odilon Redon. Les anémones illustrent la délicatesse de ses couleurs quasi nacrées qui font penser au pastel, mais c’est bien de l’huile qu’elle a utilisée dans cette composition lumineuse.
Jacques Madyol, Saint-Cyr, 1912
Encore de la lumière en peinture, celle du Nord, dans un grand paysage de Pieter Gorus (1881-1941), peintre de Dendermonde (Termonde, en Flandre Orientale), présenté par la galerie anversoise Raf Van Severen. Celle du Sud éclaire une grande toile signée Jacques Madyol, Saint-Cyr (1912), une scène charmante où je reconnais le bord de mer varois que j’aime tant.
Vue partielle du stand du Musée Horta
Le Musée Horta était l’invité d’Eurantica : la maison-musée du célèbre architecte belge de l’art nouveau fête cette année ses cent ans d’existence, les cinquante ans de l’ouverture du musée et les trente ans de sa restauration. Un endroit à revisiter cette année. Trois expositions « Collections de collectionneurs » viennent de s’y ouvrir et seront visibles jusqu’au 30 juin.
Ensemble de céramiques d'Aldo Londi pour Bitossi
En passant, j’ai l’œil attiré par un ensemble de vases et plats aux bleus intenses, des céramiques dont je reconnais les couleurs et les motifs pour une raison bien simple : ce sont ceux d’un petit vase reçu il y a fort longtemps et dont je ne connaissais que la provenance italienne, il ne porte ni marque ni signature. J’ai donc appris que ces « Rimini Blu » sont du céramiste Aldo Londi (1911-2003) qui a travaillé longtemps pour la marque Bitossi, elle les réédite même.
Maurice Langaskens, L'obsession des fils barbelés, Göttingen 1917
Juste au-dessus, une toile de Maurice Langaskens (mort à Schaerbeek en 1946) déjà vendue, un témoignage de la première guerre mondiale : L’obsession des fils barbelés (Göttingen, 1917). On peut supposer que le peintre s’est représenté de dos en captivité, les dates en haut – 1914-1915-1916-1917 – correspondent aux années qu’il a passées dans ce camp. A travers le grillage et les barbelés, le personnage regarde des prisonniers en cercle et un champ labouré, une ferme au loin, et différents symboles, comme la couronne mortuaire belge dans l’arbre, que l’exposant – qu’il me pardonne de n’avoir pas noté son nom – a détaillés dans un texte explicatif. Emouvant.
Floris Jespers, Nature morte aux poissons et pipe, 1924
Enfin, une petite Nature morte aux poissons et pipe de Floris Jespers (1889-1965) m’a ravie à la galerie de Beukelaere-Nordin. C’est un églomisé (peinture sous verre), une technique qu’il maîtrisait parfaitement. Si vous voulez en savoir plus sur cet artiste anversois, vous trouverez dans Septentrion un bon article de Ludo Bekkers à l’occasion d’une rétrospective en 1990.
Juliette Cambier, Cinq fleurs, 1917
Terminons cette flânerie à Eurantica chez le même galeriste, avec un autre bouquet de Juliette Cambier qui m’a réjouie, intitulé Cinq fleurs sur le cartel. Cette peinture aux couleurs plus vives que la précédente et de composition plus géométrique relève davantage de l’esprit Art Déco. A ce genre de foire, l’échange est en général facile et agréable avec les exposants et c’est presque toujours l’occasion d’apprendre quelque chose, en plus du plaisir d’admirer.
Commentaires
Un bouquet d'enchantements, un printemps pour les yeux du cœur, merci Tania. Douce journée. brigitte
Il y avait de quoi se réjouir pour les amateurs de belles choses. Bonne fin de journée, Brigitte.
Merci Tania pour cette visite somptueuse et rare !
Beaucoup de coups de cœur, comme le travail de Paula Swinnen, proche des mises en scène Art Nouveau.
Merci aussi pour les liens si intéressants !
Belle journée et Bises.
Ravie que ce mince aperçu t'ait plu, Claudie. Bises.
quelle richesse! je suis émerveillée (et émue)
Nous aurons peut-être l'occasion d'y aller un jour ensemble ?
avec plaisir! je devrais juste savoir que ça a lieu :-)
Fin mars 2020 probablement, pour la prochaine édition - je te ferai signe.
Oui, l'allusion à Ali Baba est la perfection. Les arrangements des objets sont inspirés.
Je n'ai jamais rencontré le travail de Floris Jesppers avant ce poste. Merci beaucoup, Tania.
Heureuse que tu apprécies cette sélection, Jane. Tu auras vu le lien vers la présentation de Floris Jespers, il a peint beaucoup de sujets africains aussi.
Quelle variété! Déjà sur tes photos on ne sait que regarder, alors j'imagine qu'en vrai...!
J'aime beaucoup les couleurs vives, alors je garde (à défaut d'acheter!!) les pots pots en céramique de tous les bleus.
Merci!
Oui, impossible de détailler tous les stands, il faut choisir, à moins d'y passer toute la journée, et même plus. Je n'y allais pas pour acheter, mais les tentations ne manquaient pas. Bonne soirée, Colo.
Quelle belle visite à nouveau ! J'aime particulièrement les bouquets de fleurs de Juliette Cambier, la toile de Jacques Madyol et la table aux oiseaux (et escargots), qui semblent faits pour faire entrer la nature et le bonheur dans nos maisons. Merci Tania !
J'aime toutes ces atmosphères qui incitent au rêve et, c'est à espérer pour les exposants, au coup de coeur irrésistible. Avec plaisir, Annie.
Tout est superbe; Tu ne seras pas surprise, je pense, quand je te dirai que je retiens surtout ce beau tableau de Jacques Madyol !
Bonne journée.
Bonjour, Marie. Tu auras reconnu les rochers de l'aigle à La Ciotat.
Je serais bien repartie avec un tableau de Juliette Cambier .. que de trésors encore, c'est le genre d'endroit où l'on ne sait pas où donner de la tête.
Exactement. Ces "Anémones" de Juliette Cambier sont très belles.
Ca doit être une délicieuse promenade dans de très beaux objets... Et tu l'as faite. Peut-être possible pour moi aussi...
Certainement, Edmée. Que ce soit à la Brafa ou à Eurantica, il y a aussi moyen de s'asseoir et de se rafraichir pour reprendre des forces ;-).
Que de curiosités ! Marci du partage, Tania.
La beauté est aussi une nourriture à partager.
Que de trésors!
Comme toi, j'aime ce bouquet d'anémones mais aussi, je suis sensible au regroupement d'objets sur une thématique.
Une belle promenade dans tes choix.
Merci
Une petite sélection dans une multitude d'objets.
Bon dimanche, Maïté/Aliénor.