« J’essayais de recoller nos vies. Jusqu’ici à ce jeu-là, je m’étais toujours blessé. Ou découragé. Comme dans un puzzle où il aurait sans cesse manqué une pièce majeure permettant de lire l’image complète, et de la comprendre. Tu en avais assez, petite maman, de garder ce secret pour toi. Un jour, à soixante-dix ans passés, tu as pris rendez-vous avec une ancienne sage-femme devenue psychologue. « Elle fait naître ceux qui sont déjà nés », dis-tu doucement. Elle est partie à la recherche de tes peurs. Elle a ramené cette petite-fille. L’enfant que tu t’efforçais d’oublier. Peut-on oublier la chair de sa chair ? Avec ta mère ce fut une histoire sans paroles. Il ne s’était rien passé. »
Eric Fottorino, Dix-sept ans
Commentaires
Faire naître une seconde fois ceux qui sont déjà nés, privilège de la parole, des mots.
Et malgré "une histoire sans paroles" ou plutôt à cause d'elle.
Grave question, que je me pose à chaque anniversaire de mes enfants.
Tant de questions auxquelles nous ne pouvons pas répondre, sinon par l'amour, l'attention, la présence. Bonne soirée, Annie.
"Peut-on oublier la chair de sa chair ?", pour une mère, cela me semble impossible...
Merci pour cette parole de mère, Brigitte.