« Et puis, au-dessus du pommier et du poirier deux cents pieds au-dessus de Miranda endormie dans le verger le sinistre tintement de cloches à la voix sourde, entrecoupée, édifiante sonna les relevailles de six pauvresses de la paroisse ; et le pasteur rendit grâce au ciel.
Et puis plus haut encore avec un grincement perçant la penne d’or au sommet du clocher tourna du sud à l’est. Le vent avait changé. Il rugit très haut sur tout cela, au-dessus des bois, des prés, des monts, des miles au-dessus de Miranda endormie dans le verger. Il ratissa le ciel, sans voir, sans penser, sans rencontrer aucune résistance, puis faisant volte-face il souffla de nouveau en direction du sud. Des miles en dessous, dans un espace étroit comme le chas d’une aiguille, Miranda se redressa en s’écriant : « Oh, je vais être en retard pour le thé. »
Virginia Woolf, Au verger (Rêves de femmes)
Vanessa Bell, Virginia Woolf dans une chaise-longue, 1912
Commentaires
Je ne connaissais pas ce portrait. Merci ! Bonne journée.
Je n'ai jamais lu cette auteure, mais ceci est touchant... simple et un peu paresseux (le moment décrit en tout cas...) et ça me plaît...
Ah, Virginia! Très beau texte, et beau portrait.
Je ne connaissais pas le portrait non plus ; qui fait penser à un automne flamboyant.
@ Bonheur du Jour : Il correspond si bien à cette belle nouvelle, "Au verger".
@ Edmée De Xhavée : J'ai lu ses nouvelles avant la création de ce blog, j'y retournerai un de ces jours. Un recueil particulièrement apprécié : "La mort de la phalène".
@ Cleanthe : Heureuse de te revoir ici, Cleanthe, au rendez-vous de Virginia Woolf.
@ Aifelle : Seule sa sœur, peut-être, pouvait peindre ce portrait si serein dans la douceur et les couleurs de l'automne, oui.
Triste journée aujourd' hui. Mon comm a été effacé !
Oh, désolée, Binh An, je n'y suis pour rien.