Cependant, je suivais les trottoirs, où la présence des concierges sur leurs chaises, les jeux des enfants et les trajectoires des balles obligeaient le passant, dès juin, à une sorte de contredanse, deux pas en avant, deux pas en arrière, effacez-vous et tournez. L’odeur de l’évier bouché, en juin, se rend maîtresse des beaux crépuscules roses. Par contraste j’aimai mon quartier de l’ouest et sa sonorité de corridor vide. Une autre surprise m’y attendait, sous la forme d’un télégramme : Sido, ma mère, arrivait le lendemain, pour trois jours, à Paris. Elle ne fit, après celui-là, qu’un dernier voyage hors de son petit pays. »
Colette, La lune de pluie, Mille et une nuits, 2000, page 51.
Photo de Sido : http://www.desfemmes.fr/auteur/sido/
Commentaires
C'est un plaisir ces extraits de Colette. Je suis tentée de relire "La naissance du jour". Il y a longtemps j'étais passée devant sa maison à Saint-Sauveur-en-Puisaye qui se visite maintenant je crois.
Quels délices que ces « élixirs » de textes et de mots que l’on sirote doucement. --- Celui d’aujourd’hui est un tel jet d’idées ramassées en feux d’artifice qu’on en reste hébété de bonheur. ---
(Un microbe malin qui atteint rarement les hommes – les femmes s’en débarrassent facilement - s’est faufilé dans ma vessie et ma prostate menaçant celle-ci de destruction causant une infirmité grave. --- Je suis sous antibiotique puissant qui laisse "groggy" --- Cela explique mon absence forcée dans les commentaires)
Cela me donne envie de lire " La lune de pluie".
Merci pour ces extraits, j'adore Colette !!!
je dirai comme Marcelle, exactement!
Toujours aussi délicieuse à lire Colette, cet extrait m'enchante, me parle énormément.