« Seuls ceux qui survivent à une mort se retrouvent véritablement seuls. Les liens qui constituaient leur existence – les plus profonds comme les plus insignifiants en apparence (jusqu’à ce qu’ils soient rompus) – ont tous disparu. John et moi avons été mariés pendant quarante ans. Tout ce temps, excepté les cinq premiers mois de notre mariage, quand John était encore au magazine Time, nous avons travaillé chez nous. Nous étions ensemble vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ce qui inspira toujours un mélange de joie et d’inquiétude à ma mère et à mes tantes. « Présent pour le meilleur ou pour le pire, mais jamais pour le déjeuner », me disait souvent l’une ou l’autre, les premières années. Impossible de compter toutes les fois, au cours d’une journée ordinaire, où il se passait soudain quelque chose qu’il fallait que je lui raconte. Ce réflexe n’a pas disparu avec sa mort. Ce qui a disparu, c’est la possibilité d’une réponse. »
Joan Didion, L’année de la pensée magique
Photo : L’année de la pensée magique, Booth Theater, mise en scène David Hare, Vanessa Redgrave dans le rôle de Joan Didion
Commentaires
c'est exactement ça, le deuil
Oui. Bon dimanche, Adrienne.