« Pour Madhusudan, dont la vie n’avait été faite que de luttes et qui avait dû rester constamment vigilant devant les caprices du sort, la merveilleuse maturité de Kumu et sa gravité étaient une source d’étonnement extraordinaire. Il ne prenait rien simplement tandis qu’elle semblait aussi simple qu’une divinité. Cette opposition entre leurs natures l’attirait très fortement vers elle. Revivant en esprit toute la scène de l’entrée de la mariée dans sa belle-famille, il prit la mesure, d’un côté, de sa propre colère devant son impuissance, et, de l’autre, chez la jeune femme, de la parfaite démonstration de son indomptable dignité. Il n’y avait pas eu l’ombre d’une impertinence malvenue dans sa conduite, comme chez les femmes ordinaires. Si tel avait été le cas, il n’eût pas hésité à user de l’autorité maritale pour la rabaisser. Il ne comprenait pas lui-même le tour qu’avaient pris les événements. Pour une étrange raison, il ne parvenait pas à l’atteindre. »
Rabindranath Tagore, Kumudini
Commentaires
écrire de si belles choses sur la dignité féminine et marier ses propres filles selon la tradition, pourquoi donc cela me fait-il penser à Jean-Jacques et l'Emile ;-)
Je ne connais pas assez Tagore pour te répondre et j'ai rendu le livre à la bibliothèque : la postface de la traductrice était éclairante.