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Un orme gris

« De la pelouse légèrement en surplomb, la vue s’étendait sur les champs et la forêt. Celle-ci formait comme une grande larme de vert, et à l’extrémité de la partie effilée, il y avait un orme gris, atteint de la maladie des champignons parasites, dont l’écorce était d’un gris violacé. De si rares feuilles pour un si grand arbre. bellow,saul,herzog,roman,littérature anglaise,etats-unis,juif,américain,orme,nature,perception,cultureUn nid de loriot, évoquant un cœur gris, se balançait au milieu des branches. Le voile jeté par Dieu sur les choses fait de chacune d’elles une énigme. Si elles n’étaient pas toutes à ce point spécifiques, détaillées et riches, je pourrais peut-être m’en préoccuper moins. Mais je suis un prisonnier de la perception, un témoin obligé. Elles sont trop passionnantes. En attendant, j’habite cette maison de planches ternes là-bas. Herzog s’inquiétait pour l’orme. Devait-il l’abattre ? L’idée lui répugnait. Entre-temps, les cigales faisaient vibrer dans leur ventre les membranes calleuses des tambours logés dans une chambre sonore. Ces milliards d’yeux rouges dans les bois alentour qui observaient, qui regardaient du haut des arbres, tandis que les ondes de bruit déchiquetées noyaient l’après-midi estival. Herzog n’avait jamais rien entendu d’aussi beau que cette discordance massive, ininterrompue. »

Saul Bellow, Herzog

Source de l'illustration : http://tidcf.rncan.gc.ca/fr/arbres/identification/feuillus/11/Ulmus

 

Commentaires

  • Un émerveillement devant la grande larme de vert, devant le cœur gris, très belles images.

    Un exemple de ce qui me dérange un peu en littérature traduite: "les cigales faisaient vibrer dans leur ventre les membranes calleuses des tambours logés dans une chambre sonore." Je ne suis pas certain du tout qu'un auteur francophone aurait exprimé l'image en ces mots, qui trébuchent un peu pour moi.

  • Un émerveillement devant la grande larme de vert, devant le cœur gris, très belles images.

    Un exemple de ce qui me dérange un peu en littérature traduite: "les cigales faisaient vibrer dans leur ventre les membranes calleuses des tambours logés dans une chambre sonore." Je ne suis pas certain du tout qu'un auteur francophone aurait exprimé l'image en ces mots, qui trébuchent un peu pour moi.

  • Un émerveillement devant la grande larme de vert, devant le cœur gris, très belles images.

    Un exemple de ce qui me dérange un peu en littérature traduite: "les cigales faisaient vibrer dans leur ventre les membranes calleuses des tambours logés dans une chambre sonore." Je ne suis pas certain du tout qu'un auteur francophone aurait exprimé l'image en ces mots, qui trébuchent un peu pour moi.

  • Il semble que votre commentaire ait mis du temps à passer. J'ai aussi accroché sur cette phrase, que "logés dans une chambre sonore" prolonge sans nécessité apparente ("de leurs tambours" aurait suffi). Il faudrait retrouver la phrase originale.
    En revanche, j'ai beaucoup aimé celles-ci, que j'ai pensé d'abord à citer seules : "Mais je suis un prisonnier de la perception, un témoin obligé. Elles sont trop passionnantes."

  • Prochainement, un autre billet sur cet écrivain, si cela t'intéresse. A bientôt.

  • Désolé, je n'ai pas conscience d'avoir posté n fois le message. Mais il se peut en effet que j'aie insisté idiotement (comme on appuie plus fort sur un télécommande dont les piles sont usagées... :-) ).

  • Quel texte magnifique.... Je ne connais absolument pas Saul Bellow (que de nom...) Cela me donne vraiment envie de le lire. Merci beaucoup, vraiment.

  • Avec plaisir. Pour le choix d'un bel extrait, j'avais vraiment l'embarras du choix.

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