« Au début des temps
Il n’y avait pas de différence
Entre les hommes et les animaux
Toutes les créatures vivaient sur terre
Un homme pouvait se transformer en animal
S’il le désirait
Et un animal pouvait devenir un être humain
Il n’y avait pas de différence
Les créatures étaient parfois des animaux
Et parfois des hommes
Tout le monde parlait une même langue
En ce temps-là le monde était magie
Et l’esprit possédait des pouvoirs mystérieux
Un mot prononcé par hasard
Pouvait avoir d’étranges conséquences
Il devenait brusquement vivant
Et les désirs se réalisaient
Il suffisait de les exprimer
On ne peut pas donner d’explication
C’était comme ça. »
Recueilli par K. Rasmussen (trad. S. Bramly, Terre Wakan, Paris, Laffont, 1974)
Encyclopédie des religions, sous la direction de F. Lenoir et Y. Tardan-Masquelier, tome 2, "Le mythe", p. 2197.
Source de la photo : http://www.eastgreenland.com/database.asp?lang=eng&num=604
Commentaires
Rasmussen fut un grand monsieur de l'exploration arctique et un soutien fidèle des eskimos, je n'avais jamais lu ce texte que je trouve très beau
Magnifique illustration de ce beau texte.
"Un mot qui prononcé par hasard devient vivant", nos désirs réalités, le paradis.
j'aime bien les mythologies sur la création du monde :-)
Magie et mystère; c'était comme ça.
Dire que nous avons raté ces moments uniques...
Superbe ton illustration, merci dame Tania!
J'aime beaucoup cet extrait, c'est une si belle vision de l'univers et du vivant.
@ Dominique : La mère de Knud Rasmussen était inuit. Ce texte donne envie de lire ses "Contes du Groenland", les connais-tu ?
@ Christw : Un récit si simple et si fort, l'illustration s'est imposée quand je l'ai vue sur la Toile.
@ Adrienne : Moi aussi ;-) Ysé Tardan-Masquelier aborde les mythes de création en une trentaine de pages passionnantes.
@ Colo : Pour toi, ce début d'une cosmogonie maya.
"Voici le récit du temps où tout était en suspension, tout calme, tout en silence, tout immobile, muet et vide dans l'extension du ciel. Ceci est la première expression, la première parole. Il n'y avait encore ni hommes, ni animaux, ni oiseaux, ni poissons, ni crustacés, ni arbres, ni pierres, ni cavernes, ni gorges, ni herbes, ni forêts ; seul le Ciel existait." (Je saute un paragraphe.)
"- Que cela soit ainsi ! Que se remplisse le vide ! Que cette eau se retire, et désoccupe l'espace, que surgisse la terre et qu'elle se raffermisse ! Que naisse l'aube dans le ciel et sur la terre ! Il n'y aura ni gloire ni grandeur dans notre création et formation jusqu'à ce que naisse la créature humaine, l'homme formé, ainsi dirent-ils.
- Terre ! dirent-ils. Et à l'instant elle parut."
(Popol Vuh, Le Livre des Indiens Mayas Quichés)
@ Aifelle : Une vision si éloignée de l'exploitation à outrance...
Merci, merci, c'est si vivant! Et l'aube est née...
Et nous pouvons la contempler... Bon dimanche, Colo.
La force du mot confié à l'univers...
magnifique sculpture, et de beaux mots qui l'accompagnent
... où il nage, vole, se pose...
Merci, Niki, un bonheur de lecture à partager.
On aimerait bien le garder dans sa main, cet homme oiseau ! Quelle belle chose et quel beau texte !
Un bel exemple d'art inuit, voilà qui rappelle la phrase de Claudel: "La sculpture est le besoin de toucher".