« La mode n’avait rien de futile pour une dame du XIXe siècle. Elle faisait partie intégrante de son identité, et les peintres aussi bien que la presse l’envisageaient sous cet angle. C’est ainsi qu’il faut comprendre cette remarque de Manet : « La dernière mode, voyez-vous, la dernière mode, pour une peinture, c’est tout à fait nécessaire, c’est le principal. » »
Justine De Young, La mode des impressionnistes face à la presse (L’Impressionnisme et la Mode, Musée d’Orsay, Paris, 2012)
Claude Monet, Camille sur un banc (The Metropolitan Museum of Art)
Commentaires
Actuellement, question "dernière mode", c'est aussi les photos de mode qui sont considérées comme artistiques, au même titre qu'une peinture. Il faut parfois se donner la peine de feuilleter les revues sous cet angle, vous découvrirez alors des bijoux d'inventivité, d'esthétisme, de fantaisie, de romantisme, d'humour, de questionnement sociétal, etc... enfin tout ce que l'art peut contenir comme "ingrédient" ;-)
Tes billets aussi sont des trésors, MERCI.
Bonjour MH, merci à toi. L'art se niche parfois aussi dans la photo de mode, c'est vrai, univers de recréation perpétuelle. La phrase rapportée de Manet m'a tout de même étonnée.
Oui, cette phrase est étonnante mais la robe de l'époque l'était aussi ! Elle était en soi tout un théâtre: une superposition de tissus avec corset, jupons, volants, dentelles, rubans. Choisir ( modèle, matière, coloris), faire faire sa robe, s'habiller, se changer pour la promenade, pour le soir, se déshabiller, se coiffer, se décoiffer... tout cela remplissait sans doute la journée de ces dames du monde. J'imagine donc que la robe à la mode était d'une importance considérable aux yeux d'un peintre qui racontait la jolie vie de la Belle Epoque. Le tableau est de Claude Monet mais Edouard Manet n'a pas peint que la belle vie et en cela la phrase est vraiment étonnante.
Ceci dit, à voir de près... la Camille de Monet n'a pas l'air si heureuse (le type derrière est sinistre ;-). La jolie vie des rubans "à la dernière mode", était lourde à porter pour les femmes, d'où sans doute l'insistance sur la charge de cette robe. Et la présence de ce personnage féminin à l'arrière-plan renforce encore l'ambiance psychologique de ce tableau, fort intéressant. Bon choix !
En me rendant compte que je n'avais mis aucune illustration de Monet, pourtant bien en vue à l'expo d'Orsay, j'ai choisi cette toile pour la robe et pour son atmosphère particulière. Contraste entre l'avant-plan et l'arrière-plan, l'ombre et le soleil, sur cette toile énigmatique. La notice du Metropolitan avance comme hypothèse la mort récente du père de Camille - le voisin des Monet représenté derrière elle serait venu lui présenter des condoléances.
http://www.metmuseum.org/toah/works-of-art/2002.62.1