« C’est un chaud après-midi d’avril baigné d’une brillante lumière grise. Peter remonte à pied les quelques blocs qui le séparent de la station de métro de Spring Street. Il porte de vieilles boots de daim, un jean marine et une chemise froissée bleu clair sous une veste de cuir couleur d’étain. Vous essayez de ne pas avoir l’air trop apprêté, mais vous avez rendez-vous dans un restaurant branché uptown et vous ne voulez – pauvre crétin – paraître ni trop visiblement « downtown » (pathétique chez un homme de votre âge), ni endimanché. Avec le temps, Peter a fait des progrès pour s’habiller comme l’homme jouant le rôle de l’homme qu’il est en réalité. Cependant, il y a des jours où il ne peut s’empêcher de penser qu’il a tout faux. C’est absurde, naturellement, de se préoccuper de son apparence, et en même temps presque impossible à éviter. »
Michael Cunningham, Crépuscule
Commentaires
"Il porte des vêtements un peu comme des «habits de fête», avec une gaucherie indélébile et sympathique, en beau paysan endimanché." Colette
Ah ces "crises vestimentaires"...!
Belle journée Tania.
@ Colo : Jolie trouvaille, cette citation de Colette ! Belle journée, Colo.
L'être et le paraître ou plutôt le "pare-être" dans son cas !
Bonne journée Tania
@ Gérard : Merci, Gérard, c'est tout à fait ça.
Très belle rupture dans ce texte, le passage du il au vous.
@ La bacchante : Du il au vous, du vous au il, Peter dans son propre rôle.
Ah ! la comédie du vêtement ! on a tous un rôle ;-)
@ MH : Bonjour, MH. Alors rions-en, d'accord ;-)