« Puis, finalement, un matin, j’entrevis une couleur vive, aussi délicieuse et douce qu’une chanson, qui traversait la couche de neige. C’était un buisson de trèfle couvert de minuscules fleurs lavande. Mon cœur s’emplit de joie. En revenant vers le centre, je tombai sur le novice aux cheveux roux et le saluai gaiement. Il était si habitué à me voir figé dans un silence grognon qu’il en resta bouche bée.
« Souris, mon garçon, lui criai-je. Ne vois-tu pas que le printemps est dans l’air ? »
Dès ce jour, le paysage changea à une vitesse remarquable. La dernière neige fondue, les arbres se couvrirent de bourgeons, hirondelles et roitelets revinrent et, avant peu, une odeur légère et épicée emplit l’air. »
Elif Shafak, Soufi, mon amour
Rûmi rencontre Shams de Tabriz pour la première fois
(Manuscrit persan)
Commentaires
Ferré :
- "y a nos chagrins qu'ont des couleurs
y a mêm' du printemps chez l'malheur
y a la mer qui s'prend pour Monet
ou pour Gauguin ou pour Manet
c'est l'printemps..."
@ JEA : Merci pour ces notes et toiles printanières à la Ferré.