« Heureux les morts qui oublient l’amertume de la vie
Quand le soleil se couche et que l’ombre envahit la terre,
Quelle que soit ta douleur, ne pleure pas les morts.
C’est l’heure où ils ont soif et vont boire
A la source cristalline de l’oubli.
Mais si une seule larme coule en leur mémoire
Des yeux de ceux qui sont vivants, l’eau se trouble ;
Et si les morts boivent de cette eau troublée,
Eux aussi, transitant par les champs d’asphodèles,
Se rappellent l’ancienne douleur.
Si tu ne peux t’empêcher de pleurer,
Que tes larmes ne coulent pas sur les morts, mais sur les vivants :
Ceux-ci voudraient oublier mais ne le peuvent. »
Commentaires
Ce poème me fait penser au dicton espagnol, réaliste et dur, souvent répété par les plus âgés qui ont connu la guerre civile et/ou les années si dures qui suivirent:
El muerto al hoyo
El vivo al bollo
Le mort au trou
Le vivant au pain
J'attends la suite de tes rêveurs et nageurs, ton premier billet est si passionnant. Bonne journée Tania.
Ce poème à lui seul suffirait à donner envie d'ouvrir le livre
magnifique
Yves Bonnefoy :
- "Je nommerai désert ce château où tu fus
Nuit cette voix, absence de ton visage
Et quand tu tomberas dans la terre stérile
Je nommerai néant l'éclair qui t'a portée."
@ Colo : D'une concision parfaite, ce dicton ! Bonne après-midi, amie des îles.
@ Dominique : Les citations, les vers, les extraits n'y manquent pas, et ce poème illustre bien le dialogue entre morts et vivants dont parle Grozdanovitch.
@ JEA : Merci pour ces vers de Bonnefoy, avec qui vous êtes en complicité poétique, assurément.
C'est splendide et donne très envie d'ouvrir le livre.
Woorden die ontroeren en raken..... een pakkend gedicht!
Heel fijne zondag,
grtjs
@ Aifelle : Bonne lecture quand tu l'ouvriras, un jour ou l'autre.
@ Vanessa : Bedankt, Vanessa. We kregen een mooie zonnige zondag op Brussel vandaag, perfekt om fotos te nemen, maar zeer koud ook.