« Lui : Vous continuez à aller dans ces bars.
Elle : Oui.
Lui : Et à ne pas le dire, vous continuez aussi ?
Elle : Aussi, oui. (Sourire) Ce que je préférais à tout c’était ces barmen dans ces hôtels vides… L’été ils n’avaient pas le temps de parler avec moi. Mais l’hiver, si. Dans les creux d’après-midi, à l’heure des affaires, on parlait. Ils connaissaient beaucoup de femmes qui étaient comme moi, qui allaient dans les bars. On parlait de ça.
Lui : Vous n’aviez pas d’amants ?
Elle : Non. Vous auriez préféré ? »
Marguerite Duras, La Musica Deuxième
Commentaires
J'avais une heure à tuer. Je me suis assis dans les canapés profonds de ce grand hôtel. Elle est arrivée, plus très jeune, mais plutôt classe. Elle m'a demandé si j'étais libre, et combien, et maintenant dans sa chambre. J'ai décliné en rougissant. Me suis regardé dans la glace dans les toilettes feutrées. Flatté, finalement. Et puis, cette autre interrogation: est-ce que j'ai une gueule de gigolo?
Véridique. J'ai encore le rouge aux joues.
Les dialogues, ceux de ton billet précédent et celui-ci sont magnifiques, merci.
Tuer le temps, le passer dans des bars, y écrire et lire, ouvertes à une possible rencontre...oui je connais des femmes qui le font, avec ou sans amants.
Lire, écrire, dessiner dans les cafés, je l'ai fait quand j'étais plus jeune. Et encore maintenant je vais des fois aussi lire le journal dans une sorte de café-salon de thé. C'est le sentiment de ne pas avoir de racines qui pousse à occuper l'espace publique du bout de la table d'un café.
@ Damien : Oh, merci Damien, pour ce souvenir pudique !
@ Colo : Des femmes... Oui, je vois un peu à qui tu penses. Heureuse que ces extraits te parlent.
@ Euterpe : Etudier même, non ? Le charme des espaces publics ne tient-il pas aussi à l'imprévu qui peut y surgir ?