Pause printanière / 5
Mais ils se turent ; sous l'agitation des trémolos de violon qui la protégeaient de leur tenue frémissante à deux octaves de là – et comme dans un pays de montagne, derrière l'immobilité apparente et vertigineuse d'une cascade, on aperçoit, deux cents pieds plus bas, la forme minuscule d'une promeneuse – la petite phrase venait d'apparaître, lointaine, gracieuse, protégée par le long déferlement du rideau transparent, incessant et sonore. Et Swann, en son cœur, s'adressa à elle comme à une confidente de son amour, comme à une amie d'Odette qui devrait bien lui dire de ne pas faire attention à ce Forcheville.
Marcel Proust, Du côté de chez Swann – II. Un amour de Swann
(Turner, Soleil couchant sur un lac)
Commentaires
La période de Turner que je préfère .. et un extrait très reposant dans l'agitation ambiante.
Turner + Proust = une bien belle équipe ;-)
Superbe! En ce moment on peut admirer les Turner au Grand Palais...