Le ciel peu à peu se venge
De la ville qui le mange.
Sournois, il attrape un toit,
Le croque comme une noix,
Dans la cheminée qui fume
Il souffle et lui donne un rhume.
Il écaille les fenêtres.
N'en laisse que les arêtes.
Il coiffe les hautes tours
D'un nuage en abat-jour.
Il chasse le long des rues
Les squelettes gris des grues.
La nuit, laineuse toison,
Il la tend sur les maisons.
Il joue à colin-maillard
Avec les lunes du brouillard.
La ville défend au ciel
De courir dans ses tunnels.
Mais le ciel tout bleu de rage
Sort le métro de sa cage.
Taches d'encre, taches d'huile
Sur le ciel crache la ville.
Mais le ciel pour les laver
Pleut sans fin sur les pavés.