« Une frêle silhouette se dressa au milieu du capharnaüm. On reconnut la doyenne de l’assemblée, restauratrice de renom, et par respect pour son âge, on se tut. « Mesdames, messieurs, chers confrères – bien qu’elle soit particulièrement menue, sa voix portait dans la salle des Etats –, comme vous le savez tous ici, la difficulté avec Léonard, c’est l’usage qu’il fait de glacis très fins et très légèrement teintés grâce auxquels il obtient son modelé inimitable, le sfumato. La Joconde est le tableau où il est à l’apothéose de cette technique. Dissoudre les vernis, c’est risquer de dissoudre les glacis en dessous. Enlever trop d’épaisseur de vernis pourrait conduire à perdre des informations de couleurs, à durcir les dégradés et faire disparaître de subtils détails, à altérer définitivement la couche picturale. Voilà pourquoi nous nous sommes toujours gardés d’intervenir sur ce tableau. Pourquoi les choses seraient-elles différentes aujourd’hui ? »
Le brouhaha recommença de plus belle. On rétorqua que les techniques avaient évolué. »
Paul Saint Bris, L’allègement des vernis
Commentaires
Sage intervention. Comme je n'ai pas lu le livre je ne sais si elle a convaincu mais je le souhaiterais.
Bonne lecture pour le découvrir, Zoë, et bonne soirée.