« Mme Maria Gron pénétra dans la grande pièce du rez-de-chaussée de la villa, avec son nécessaire de travail. Elle jeta un regard circulaire, pour constater que tout se trouvait comme à l’accoutumée, déposa son nécessaire sur une table, s’approcha d’un vase empli de roses, dont elle huma le parfum. Stefano, son mari, Federico son fils – qu’on appelait Fredi – se trouvaient tous les deux assis près de la cheminée, Giorgina sa fille lisait tandis que le docteur Eugenio Martora, un vieil ami de la famille, fumait un cigare.
– Elles sont toutes fanées, elles sont finies, murmura-t-elle en se parlant à elle-même, et elle passa une main sur les fleurs pour les caresser. Quelques pétales se détachèrent et tombèrent aussitôt. »
Ainsi commence la nouvelle de Buzzati Et pourtant, on frappe à la porte. Je ne vous en ai pas parlé dans le billet précédent, elle me trotte en tête. On y découvre comment une famille bourgeoise à la vie bien réglée, conventionnelle, Mme Gron surtout, la maîtresse de maison, refuse de se laisser déranger par l’inattendu. Ce récit résonne étrangement en ces temps qui ne le sont pas moins.
Le Théâtre de l’Etrange en avait tiré une excellente adaptation radiophonique (42:38), à écouter ici.
© Charles Van Roose (1883-1960), Bouquet de roses au guéridon
Commentaires
et voilà, on a envie de poursuivre la lecture :-)
On peut même l'écouter, si on préfère. Bonne soirée, Adrienne.
Je viens de passer 40 minutes délicieuses, quel personnage plutôt "chiant" si réussi la Maria! Excellentes interprétations.
Merci beaucoup, bonne journée.
Cette bonne adaptation m'a rappelé les "dramatiques" que j'écoutais parfois à la radio. Bonne journée, dame Colo.
eh eh, ça me donne envie de relire cette nouvelle…………!
Bonne lecture, Anne.
Ah, Dino Buzzati. Ses histoires sont à la fois opportunes et intemporelles. Quand je lis des livres de J.M. Coetze, je pense qu'il a été influencé par Buzzati.
Je ne les avais jamais rapprochés, Jane, j'y songerai. Un titre de Coetzee à me conseiller ? Je n'ai plus rien lu de lui après "Disgrâce".
Comme dit plus haut, on a en effet très envie d'aller de l'avant...
Belle curiosité de lectrice... Bonne journée, Edmée.
Tania, je pensais au roman de Coetze «En attendant les barbares».
Merci, Jane, je note ce titre.
Tania, et j'ai aussi pensé à "La vie et l'époque de Michael K."
Celui-ci est dans ma bibliothèque, lu il y a assez longtemps pour avoir envie de me rafraîchir la mémoire.