« Je lis. Sartre, Camus, naturellement. Comme les problèmes de robes et de rancarts foirés paraissent mesquins. Lectures libératrices qui m’éloignent définitivement du feuilleton et roman pour femmes. Que ces livres soient écrits par des hommes, que les héros en soient aussi des hommes, je n’y prête aucune attention, Roquentin ou Meursault je m’identifie. Que faire de sa vie, la question n’a pas de sexe, la réponse non plus, je le crois naïvement l’année du bac. Je marche avec une maxime : agir de façon à ne pas avoir de regrets. Qui m’a soufflé ce principe, Gide pas encore et je ne doute même pas qu’il est impraticable pour une fille. Ça ne va pas tarder. »
Annie Ernaux, La femme gelée
* * *
P.-S. Signalée par La petite verrière, cette "lettre d'intérieur" d'Annie Ernaux au président Macron (France Inter, 30/3/2020) : https://www.franceinter.fr/emissions/lettres-d-interieur/lettres-d-interieur-30-mars-2020
Commentaires
A vrai dire, "roman pour femmes", littérature pour enfants…;je ne sais pas ce que c'est. Quand un livre est bon, il l'est pour tous.
Pour moi, en ce moment, un étrange petit roman japonais.
Bon Week-end, Tania!
Pas connu les romans feuilletons du journal ou des magazines féminins ? les romans-photos de "Nous deux" ?
Bon week-end, Anne & bonne lecture.
je suis d'accord avec toi sur la qualité d'un livre, actuellement on aime bien mettre des étiquettes et "genrer" les lectures
Se méfier des étiquettes qui enferment ou divisent. Bonne soirée, Niki.
Dans les commentaires, tu me rappelles les "Nous Deux" et autres feuilletons que les femmes s'arrachaient dans mon enfance. Pour certaines, c'étaient les seules lectures qui rentraient dans la maison.
Même dans La Libre Belgique, quand j'étais enfant, il y avait un roman feuilleton sur lequel ma mère se jetait la première, je m'en souviens. On le découpait même parfois.
Nous Deux, la presse grande pourvoyeuse de la mythologie de l'amour fou et du prince charmant, attrape nigaudes qui a fauché beaucoup de jeunes filles en plein envol.
Voilà qui est bien résumé !
Un livre que j'ai prêté à Annick en 1981 ... et qui est toujours chez elle, à Bar-le-duc :-)
Sartre et Camus furent les premiers auteurs lus au lycée ... comme l'école me semble essentielle !
Ah, ces livres prêtés qui ne nous reviennent pas...
Nul doute que "La peste" de Camus sera au programme de lecture de beaucoup de lycéens cette année. Oui, l'école est essentielle, en espérant qu'il y reste des profs qui réservent à la littérature une grande place (je pense aux programmes "par compétences" en Belgique francophone qui n'y encouragent plus autant qu'avant).
Nous voici en train de parler de Nous Deux, ha ha. On les a toutes eu dans les mains. Chez nous, ce fut "Bonne Soirée" pendant longtemps, et on riait de mon grand-père qui était abonné à ... Femme d'aujourd'hui :D
Ah oui, Bonne Soirée, j'ai connu ça aussi !
Merci pour cet extrait. Annie Ernaux : revenir à l'essentiel en cette période où nous avons du temps.
Je la rajoute sur mes projets de relecture. Un jour prochain.
A très vite.
Bonjour, Marie. Livres reçus, empruntés, achetés, conservés, ils nous sont tous encore plus précieux en ce moment.
La voisine de ma grand mère recevait des romans photos, petits magasines en noir et blanc. J'avais 10 ans et je me rappelle en avoir lus avec elle, je pense que je ne devais pas tout comprendre....
Ce matin sur France Inter, une magnifique lettre d'Annie Ernaux à notre président, percutante. Je cherche le lien pour le pod cast (c'est peut être un peu tôt). Je le note ici dès que je le trouve.
Bonne journée Tania, je t'embrasse.
Merci, Claudie, je vais essayer de la trouver de mon côté. Bonne journée, bises.
Je viens de l'ajouter en P.-S.