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Jeu du cerisier

szabó,magda,rue katalin,roman,littérature hongroise,budapest,xxe siècle,culture« – Il faut faire quelque chose qu’elle connaît, dit le garçon. Elle est encore petite et pas très futée.
– Le cerisier ? demanda la blonde.
– Cet idiot de cerisier !
Elle ne connaissait pas ce jeu, ils le lui apprirent et elle le trouva merveilleux. Elle retint tout de suite la chanson, et bien que sa voix fût très faible, elle chantait juste. La blonde chantait fort, pleine d’entrain, la brune se taisait, le garçon aussi. Ils tournoyaient, tournoyaient, aussi longtemps qu’ils le pouvaient ; lorsqu’elle se retrouvait au centre, elle choisissait toujours Bálint et lui toujours la brune. Soudain, ils s’aperçurent qu’ils n’étaient plus seuls. Comme à l’Opéra, lorsque tous les acteurs se retrouvent sur scène lors du final, ils étaient tous là, à l’entrée du jardin : l’homme en uniforme, la femme rousse et soignée, son père, la femme négligée, l’homme aux lunettes à moitié chauve et sa mère. Mme Held s’avança vers eux mais s’arrêta soudain, se pencha sur un rosier et, humant le parfum d’une fleur, dit d’un air ravi :
– Nous vivrons ici jusqu’à notre mort !
Ce fut la seule phrase qui, de toute cette journée, resta gravée dans la mémoire d’Henriette. Et pourtant elle n’avait aucun sens pour elle qui ignorait ce qu’était la vie, ce qu’était la mort. »

Magda Szabó, Rue Katalin

Commentaires

  • Comme c’est beau cette ronde ... et cette femme qui s’approche, s’arrête, hume une rose, dit cette phrase comme pour arrêter le temps et graver ce moment de bonheur ! Et elle a réussi, Henriette s’en souviendra toute sa vie.
    Il faudrait s’éduquer (et éduquer!) à acquérir cette capacité :-)
    Merci Tania

  • "Nous vivrons ici jusqu'à notre mort !"
    Ah les terribles certitudes qui nous brisent un jour le coeur !

  • La scène racontée est très belle, très poétique,Mme Held sent que cet instant est beau et fort, elle voudrait qu'il dure toujours... comme nous tous quand nous goûtons aux bons moment de la vie... Je t'embrasse, merci Tania. brigitte

  • J'ai aimé cette communion dans l'émerveillement du jeu et de la rose. Un baiser pour toi.

  • Merci, Tania pour votre articles sur Magda Szabo. Szabo's novels "The Door", "Katalin Street", and "Iza's Ballad" have been here in English. Szabo's quietly captivating novels excavate the tangled history of Hungary from the portentous moments before the German occupation to its suffocating postwar regime.

  • I will read certainly "Iza's Ballad", even if the subject seems a little bit difficult for me at the moment. See you soon, Jane.

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