« Ce sont les deux heures les plus importantes de ma vie, dit Jenny.
Deux heures, un temps arrêté durant lequel ma mère me dit tout ce qu’elle pense devoir me transmettre, tout ce que je dois savoir, tout ce qu’elle sait de la vie, des hommes, de l’amour, des enfants, du sexe.
Jamais elle ne m’a autant parlé. Nous sommes au milieu de cette petite foule de femmes, d’hommes et d’enfants serrés les uns contre les autres, il est évidemment impossible de s’isoler, mais c’est comme si nous étions seules au monde.
Pendant tout ce temps, mon père lui tient la main.
Ils nous donnent leurs alliances, ma mère me donne sa montre. Ils nous donnent le peu d’argent qu’ils ont.
Tout ce qu’ils avaient, ils l’ont apporté ici pour nous le donner. »
Geneviève Brisac, Vie de ma voisine
Commentaires
J'avais mentionné aussi le début de cet extrait qui m'avait bouleversée.
Une scène si forte qu'elle tient de l'indicible et tout est dit.
Beaucoup d'émotion.
ce livre paraît émouvant, je vais le noter
@ Bonheur du Jour : Deux heures pour un adieu.
@ Niki : Il l'est, sans forcer la note. Bonne lecture, Niki.
Quel courage et que d'émotion dans cet extrait, on ne peut jamais oublier un tel moment, il marque à jamais... Bises. brigitte
Oui, Brigitte - indélébile.
Ca doit être épouvantable. En même temps, c'est aussi condenser le travail qui restait à faire et espérer que tout ça... survivra.
"Vie de ma voisine" joue son rôle en quelque sorte dans cette transmission.