D’une jeune épouse dont le mari s’écarte après les épousailles (Miniaturiste de Jessie Burton) à La Jeune Epouse d’Alessandro Baricco (2015, traduit de l’italien par Vincent Raynaud), il y a bien quelques ressemblances : au début du roman, celle-ci aussi, dix-huit ans, entre dans sa nouvelle et riche demeure sans mari pour l’y accueillir. Il est à l’étranger. Diverses livraisons inattendues sont ressenties comme des annonces.
Pour le reste, les romans sont très différents. Les personnages de Miniaturiste ont un nom, ceux de Baricco un rôle : « Le Père, la Mère, la Fille, l’Oncle. » – « Temporairement à l’étranger, le Fils. Sur l’Ile. » Modesto porte un prénom (symbolique), lui qui « officie » dans cette grande maison depuis cinquante-neuf ans (Baricco aime les nombres premiers) et évalue chaque matin la couleur du jour avant d’ouvrir les portes de ses maîtres pour la leur annoncer : « Bonjour. Soleil voilé, brise légère. »
Une grande tablée se rassemble au somptueux petit déjeuner (on est loin du petit déjeuner frugal des Brandt à Amsterdam, on y sert même du champagne) par lequel cette famille bourgeoise italienne fête chaque jour sa renaissance. Depuis cent treize ans, « tous dans notre famille sont morts nuitamment, faut-il préciser. »
Alessandro Baricco aime les jeux du langage. Il passe de la troisième personne à la première, décrit et raconte, fait soudain intervenir un narrateur qui nous attire dans un autre temps : « Puisque j’ai désormais commencé à raconter cette histoire (et ce malgré la troublante suite de péripéties qui m’ont affecté et qui décourageraient quiconque de se lancer dans pareille entreprise) (…) ».
On découvre peu à peu les us et coutumes de « la Maison », les façons d’être de chacun des membres de la famille. La jeune fille, « là où elle avait imaginé entrer comme épouse », se retrouve « sœur, fille, invitée, présence appréciée et objet décoratif ». Modesto l’initie aux règles des lieux, qui découragent la lecture : « Chacun dans la Famille se fie entièrement aux choses, aux personnes et à soi-même. Nul ne voit la nécessité de recourir à des palliatifs. »
Un jeudi sur deux, le Père se rend à la ville, passe à la banque et chez ses fournisseurs, déjeune, s’offre « une promenade élégante » et conclut sa journée au bordel. La sensualité, le sexe, dans cet autre roman sans nuit de noces, s’imposent dans la vie de la jeune épouse ou non par l’intermédiaire des autres personnages, tour à tour. De façon obsessionnelle, comme le fait remarquer un jour au narrateur une visiteuse, L., effrayée de sa solitude, de l’ordre maniaque qui règne chez lui. A la lecture de son manuscrit, elle s’étonne : « Pourquoi tant de sexe ? / Que veux-tu dire ? / Il y en a presque toujours, du sexe, dans mes histoires. / Oui, mais là, c’est une obsession. / Tu trouves ? »
Alessandro Baricco n’atteint pas dans La Jeune Epouse, à mon avis, l’unité de ton et la justesse du tempo qui enchantent dans Novecento : pianiste, Soie ou Mr Gwyn. On reconnaît bien sa manière, son goût de surprendre, son écriture jouissive, mais j’ai l’impression que le récit lui a échappé, que lui-même s’en éloignait puis le reprenait, sans trouver vraiment la forme qu’il voulait lui donner. « Metaletteratura », commente un lecteur italien.
* * *
Nafissatou Thiam nous avait épatés l’an dernier
en remportant l’or aux JO de Rio.
Photo La Libre.be
Hier, à Londres, elle a de nouveau été la meilleure à l’heptathlon :
la première Belge championne du monde d’athlétisme.
Bravo, Nafi, tu es For-mi-da-ble !
Commentaires
Je lirai alors Novecento (Mr Gwyn m'avait énormément plu), et au champion du sexe, je préfère aujourd'hui la grande championne de l’heptathlon!
Bon embarquement dans ce monologue, ma première rencontre avec Baricco.
Le parcours de cette belle athlète est passionnant à suivre, waouh !
Je n'y connais rien en sport, mais bravo Nafi ! Pour l'auteur, je note donc qu'il vaut mieux lire d'autres titres que celui-là.
Hauteur, longueur, lancer du javelot et du poids, 100 mètres haies, 200 mètres, 800 mètres, et tout ça en deux jours, tu imagines la performance !
Tu sais que je n'écris pas sur les lectures que je n'ai pas aimées du tout. Ce roman-ci de Baricco a des côtés intéressants, mais dans l'ensemble, il m'a déçue.
oh oui, bravo Nafi :-)
et même si elle n'avait pas eu l'or, je lui aurais encore crié bravo :-)
tu auras peut-être deux comm' mais bon, vu que je ne vois pas celui que j'ai mis, je recommence: je disais bravo Nafi! et j'ajoutais que je lui aurais crié bravo même si elle n'avait pas eu l'or :-)
Oui, toutes ces athlètes méritent des bravos, alors disons bravissimo ?
(En général, le premier envoi d'un commentaire suffit, même s'il n'apparaît pas tout de suite.)
Oh oui, bravo, Nafissatou ! ;-)
J'ajoute ce lien pour qui ne l'aurait pas vue :
http://www.lalibre.be/sports/omnisports/nafi-thiam-tout-le-monde-va-croire-que-je-suis-invincible-je-sais-que-je-ne-le-suis-pas-5987f109cd706e263f3db0fb
Bravo Nafissatou !
Bel exploit !!!
N'est-ce pas ? Bonne journée, Marcelle.
Je découvre "Alessandro Baricco " merci Tania ! je commencerais peut-être par un autre titre...
Et bien sûr " bravo Nafi " !
Bises
Bonjour Tania,
Je partage tout à fait cette excellente conclusion, comme si le récit lui avait échappé. Et donc ,nettement, un ton en dessous par rapport à Mr Gwyn, Soie, Emmaüs et Noveccento.
@ Noëlle : Oui, Noëlle, autant lire le meilleur.
@ K : Ravie de vous retrouver ici, nous sommes d'accord. J'ai trouvé "Emmaüs" qui était sur votre liste de préférences, je le lirai bientôt.
Je trouve le niveau des livres de Baricco très inégal, ce que semble confirmer celui-ci. À son actif, peut-être, la volonté de ne pas se cantonner dans un créneau.
Et bien entendu, bravo Nafi !
Un roman chaque année, c'est peut-être trop ?
(Ces mondiaux d'athlétisme sont passionnants à suivre.)