« Mon père et moi n’étions pas seuls parce que nous avions ma mère, mais parfois je doutais que notre famille fût une famille. Lorsque nous restions seuls à la maison, j’avais l’impression que nous étions deux fantasmagories silencieuses dont la vie aurait été en latence, et que cette vie n’acquerrait de sens qu’au moment où ma mère franchirait le seuil de la maison et où nous entendrions le tintement de ses clefs et le son de son parapluie dans le porte-parapluies de métal, le culot d’un obus d’une guerre ancienne et oubliée, les arbalètes et les heaumes de la tapisserie. Pendant les heures que durait son absence, chacun d’entre nous vivait au milieu de ses affaires comme un animal en état d’hibernation. »
José Carlos Llop, Parle-moi du troisième homme
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Textes & prétextes, 9 ans
Commentaires
c'est exactement ça, une vie entre parenthèses quand quelqu'un d'essentiel n'est pas là
Je reconnais bien sa façon de raconter...et la photo d'un intérieur si typique des vieilles maisons majorquines. (c'est la Granja, je me trompe?)
ce texte, comme la plupart de ceux que je découvre chez toi, est vraiment beau tania - merci
@ Adrienne : Ce sentiment si particulier de l'absence.
@ Colo : Exactement, nous y étions ensemble :-) Bonne journée pleine de présences, dame Colo.
@ Niki : Heureuse que tu l'apprécies, à bientôt, Niki.
La femme, présence indispensable ..
Et une mère... En effet.
J'ai beaucoup aimé son livre " Solstice" et son style.Je reconnais bien là la façon de parler de sa mère.
Un livre que je lirai certainement. Bonne journée, Maïté.