« Une ancienne tradition du nord de l’Italie veut qu’on offre à sa belle le premier marron tombé d’un marronnier, je veux dire trouvé au moment où il tombe, pas un marron qui traîne, ni gaulé, ni cueilli, ça ne compte pas. Et là logiquement elle doit vous promettre d’être votre amoureuse jusqu’à l’automne suivant. (…)
Par un jour d’automne, revenant d’une leçon chez madame Boulie, passant par la rue des Poilus, la petite parallèle à l’avenue principale de la vieille ville de Vence, voilà que je tombe, devant le lavoir, sur la cosse éclatée du plus beau des marrons qu’on ait jamais trouvé de Naples à Gibraltar. Comme j’ignore les coutumes calabraises, je le ramasse comme ça, par curiosité, c’est un beau marron, lourd, luisant, presque rond, tout à coup surgit une horde de gamins qui se jette sur moi, hurlant en Dieu sait quoi, je détale, ils me suivent, (…) j’ai perdu mon marron en traversant la route mais ils ne l’ont pas vu (…).
Mon père, tranquillement, faisant comme chaque jour sa petite promenade, voit le marron par terre, alors il le ramasse, le frotte sur le revers de sa veste en velours et l’offre à la gamine qui se lève sur la pointe des pieds pour poser un baiser sur sa joue. Un baiser de Danielle ! Quinze gamins, route de Saint-Jeannet, comprennent en une seconde ce que c’est qu’être un vrai séducteur. »
David McNeil, Quelques pas dans les pas d’un ange
Commentaires
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Marronnier,
premières capsules
sur le sol.
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Bien cordialement.
quelle amusante anecdote :-)
J'ai lu ce récit juste après une visite à Saint-Paul-de-Vence et il m'avait beaucoup intéressée.
@ Marcel Peltier : Merci !
@ Adrienne : McNeil raconte bien, comme tu vois.
@ Aifelle : Il faut que j'y retourne, ma dernière visite là-bas est déjà trop lointaine.
"Jusqu'à l'automne suivant", c'est court. ;)
Et l'automne revient parfois si vite, même au milieu de l'été !