« – Salut, fils, a dit Tyrone.
Mon traître avait entendu la fermeture éclair. Il ne m’a pas regardé. Il a ouvert le bras pour prendre mon épaule. Je suis venu à lui. Il fumait. Il m’a serré en frère. Comme il le faisait lorsque j’allais mal. Lorsque j’avais peur, quand je doutais de tout, quand parfois je croyais la guerre inutile ou perdue. Nous étions comme ça, à deux, face au lac, au milieu de son Irlande et sous son ciel. Il m’a pris par l’épaule. Il n’a rien dit, d’abord. Il a laissé le vent, la lumière effleurer les collines, les murets de pierres plates. Sa main, lourde sur mon épaule, ses yeux clos. Je l’ai regardé. J’étais fier. De sa confiance, surtout. »
Sorj Chalandon, Mon traître
Commentaires
"Il a ouvert le bras", cette expression, rare au singulier, un bras chaleureux, touche beaucoup. Comme tout l'extrait d'ailleurs.
Merci, bonne journée Tania!
Heureuse que tu apprécies ce passage tout en gestes, en chaleur humaine.
Bonne journée, Colo, un baiser.
Merci pour ton passage et le gentil commentaire que tu as déposé. Je te retourne le compliment .
"Il a ouvert les bras" me fait penser à la chaleur des "hugs" américains qui me semblent parfois plus sincères que ces "bisous" qui sont chez nous, distribués à tout va ! A très bientôt Tania (très joli prénom ou pseudo )
Des mots pour dire tout ce que porte le silence, très bel extrait.
un beau passage, en effet - je dois encore découvrir cet auteur, dont on m'a dit qu'il était fort sombre - ce qui me retient un peu pour le moment
@ Chinou : Bienvenue, chinou. Une belle étreinte amicale, et pourtant...
@ Marilyne : Oui, des phrases courtes, concises, pudiques.
@ Niki : Beaucoup de tension dans ce roman, mais aussi une recherche de relations vraies, une quête "d'ailleurs".