« J’ai envie de tout faire dans ma vie. Je veux être acteur de cinéma pour embrasser les actrices des films indiens, je veux être Président de la République pour faire de longs discours au stade de la Révolution et écrire un livre qui parle de mon courage contre les ennemis de la Nation, je veux être chauffeur de taxi pour ne pas trop marcher sur le goudron qui chauffe à midi, je veux être directeur du port maritime de Pointe-Noire pour prendre gratuitement les choses qui viennent de l’Europe, je veux être un docteur vétérinaire, mais je ne veux pas être un agriculteur à cause de tonton René qui veut que je sois agriculteur. Je veux aussi écrire des poèmes pour Caroline. Je lui dis ça, elle sourit, me rappelle que la vie est trop courte pour que quelqu’un fasse toutes ces choses. Il faut en faire certaines, et surtout bien les faire. »
Alain Mabanckou, Demain j’aurai vingt ans
Photo L’Express
Commentaires
Tout vouloir, ne pas considérer de limites, voilà bien la magnifique enfance! Le style qui traduit bien le langage-enfant, j'adore cet extrait, merci!
Belle journée Tania.
bel extrait :-)
ah, vouloir tout faire, serait-ce seulement de l'enfance... ;-)
Très joli paragraphe!
Quand j'étais enfant je voulais être Dieu pour remettre le monde à l'endroit et puis plus tard pompier pour sauver les gens et ensuite instituteur pour apprendre à lire aux enfants.
J'ai même été agriculteur pour nourrir les miens. Maintenant je suis chômeur alors j'ai du temps pour essayer de tout dépanner, de tout arranger de la cave au grenier chez les gens qui m'appellent au secours. On m'appelle mac Gyver! J'ai gardé une partie de mes rêves d'enfant.
"Je veux aussi écrire des poèmes pour Caroline" . J'en écris pour elle, c'est le prénom d'une de mes filles.
Joyeux week-end Tania
@ Colo : Heureuse de partager ce texte avec toi et de te retrouver sur la Toile, bonne journée, Colo.
@ Adrienne : J'aime aussi la réponse de Caroline : "Il faut en faire certaines, et surtout bien les faire."
@ Gérard : Salut & bravo, Mac Gyver ! Bonjour à tes filles qui doivent adorer un père qui sait tout faire. Le mien était comme ça.
J'ai l'impression que si je perdais le contact avec l'enfant qui parle encore en moi, je m'éteindrais. Joyeux week-end à toi.
Enfant, tout est possible parce que rien n'est encore apparu inaccessible.
Il me semble entendre dans cet extrait le Momo de "La vie devant soi" (Gary). Adorable.
Beau week-end ensoleillé !
Voilà qui rencontre le point de vue de l'éditeur : il annonce une "Vie devant soi" à l'africaine, "une langue réjouissante dont la fausse naïveté fait merveille".
Beau week-end, enfin une belle lumière matinale, oui !
Extrait d'enfant et d'adulte ! (jadore la photo)
Enfance revisitée et expérience des limites : maman Pauline essaie en vain d'avoir un autre enfant que Michel, son fils unique, et finit par penser que c'est lui qui en a la clé - une autre facette du "tout vouloir" ?
j'adore !
Bienvenue, Adrien, bonne lecture !
J'en profite pour glisser un lien vers la critique du dernier Mabanckou par Duplat : http://www.lalibre.be/culture/livres/article/790240/la-vraie-richesse-des-pauvres.html