« Tout en repensant à cette histoire, et de plus en plus inquiet pour Glika, Ariadna et Xavéri, il atteignit la place de l’Opéra et s’arrêta au Café de la Paix. Une bande de jeunes gens passa, les uns en bonnets de fou, les autres en masques vénitiens. Ils chantaient des airs de Juliette Gréco. A Moscou, cela aurait été inimaginable. Immédiatement, toutes ses inquiétudes s’envolèrent. La joie d’être seul à Paris le pénétra. Je vais passer deux ou trois jours – et deux ou trois nuits – ici, sans aucune obligation, sans aucune surveillance, sans avoir à lutter pour rien, que la paix reste en paix, non pas en qualité d’agent des Services, mais simplement en poète par la grâce de Dieu :
Planté un jour sur le bitume
Devant le Café de la Paix
Tel Souvorov à la retraite
Je rimais en franc volapük.
Je vais m’asseoir à la terrasse et zieuter les passants, les zigotos et les putains. C’est exactement ce que je dirai au garçon : Je suis tout à fait seul. Je vais boire à la bonne mienne, je passerai ma commande dans l’ordre suivant : un double Martini, un double scotch, une absinthe. Et on remet le tout. »
Vassili Axionov, Les Hauts de Moscou
Commentaires
merci pour votre réponse à mon commentaire sur l'article Hopper.Je découvre votre blog et votre interêt pour la Russie.
Je connais un peu Bruxelles, il y de beaux musées... A bientôt et bonne continuation.
Jocelyne ARTIGUE
Quel retard j'ai pris dans la lecture de votre blog, Tania, tous ces jours où j'étais ailleurs. Je découvre cet auteur russe dont les oeuvres recèlent un foisonnement de personnages et de situations. J'apprend qu'il existe une architecture de gratte-ciels à Moscou. Et je découvre Gillain, un de ces "peintres du bonheur", comme Dufy dont j'ai vu à Paris l'exposition qui lui était consacrée. Merci Tania!
Il a la santé le narrateur ! je ne me relève plus après les trois consommations, j'appelle un taxi ..
...et à la bonne tienne aussi!
Être seul(e) et sans obligation à Paris, zieuter traquillement, un vrai délice, oui!
@ Artigue : Merci pour votre passage, Jocelyne.
@ Zoë Lucider : Partir, revenir, les jours d'ailleurs nourrissant les jours d'ici, et vice-versa... A bientôt sous votre arbre, Zoë.
@ Aifelle : J'ai failli te parler des ravages de l'alcool en Russie (et ailleurs), mais restons dans la note, trinquons !
@ Colo : Quand y retournerons-nous ensemble ? (Par temps assez beau pour s'asseoir en terrasse, bien sûr.)
Oui, Aifelle ! Se glisser dans la peau d'un personnage de roman russe et s'asseoir seul à une terrasse à Paris... pas mal, mais passer la commande similaire, hum, je la laisse aux vrais 'Vassili' ;-)
Tania, nos commentaires se sont croisés... je ne voulais pas rompre l'ambiance ;-) mais je pensais aussi aux ravages de l'alcool en Russie et dans les pays de l'Est en général, c'est une vraie calamité !! Et nombreux sont les travailleurs polonais illégaux ou légaux, en Belgique ou ailleurs, qui consomment autant et se retrouvent en rue au bout de quelques années.
Pour une âme oppressée, ici, solitude rime avec liberté. C'est sûr.
@ MH : Voilà, c'est dit, merci MH.
@ Tania : Bienvenue, Tania (qui n'êtes pas moi, pour info).
En fait, Tania c'était moi. Oups!
Hips, Damien! Dédoublement de la personnalité, pertes de mémoire...hips, à ta santé!
Journée du rire, belle journée à vous donc, un beso.
@ Damien : Bienvenue, Damiano !
@ Colo : "La plus perdue de toutes les journées est celle où l'on n'a pas ri." (Chamfort) Je la répète souvent, cette citation, mais c'est pour la bonne cause.
Heu, juste pour rire... ils sont où les clients du Café de la Paix ?