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Je ne désire

                                                                                                                                    

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Pour les cheveux du blé, l’œil de la prune,

Pour un sanglot de colombe assouvie,

Pour le mutisme d’une écorce brune

Je ne désire que louer la vie.

 

Pour ce duvet qu’un doigt du vent dévie

Sur l’eau du ciel où transparaît la lune

Je vais fluide et je n’ai d’autre envie,

Comme chacun d’ici, comme chacune,

 

Que d’être prononcé, syllabe obscure

Du long récit qui sans bruit se murmure

Par l’insecte irisé, la sombre mousse,

 

Et de porter de seconde en seconde

La nouvelle de naître à la très douce

Eternité que respire le monde.

 

 

Robert Vivier, Chronos rêve, in Poésie 1924-1959,
Editions universitaires, Paris, 1964.

Commentaires

  • Ne désirer que ce rêve-là tout le temps !
    C'est superbe, merci Tania.

  • @ Aifelle, MH, Colo, Lali : "Ce que l'on peut appeler le ton Vivier est constitué par un savant entrecroisement de familiarité conversationnelle avec les mystères du quotidien. Célébrant, pour ainsi dire jusqu'à son dernier souffle, avec une progressive et rare maîtrise, toute la richesse de la vie, de la nature, des êtres : la beauté du monde, la subtile plénitude des instants intensément vécus, la force enveloppante, voire dévorante du temps, sa hantise constante, toute la poésie de Vivier s'inscrit sous le titre d'un de ses plus beaux recueils : "S'étonner d'être"." - Un extrait de la présentation de Vivier sur le site de l'Académie : http://www.arllfb.be/composition/membres/vivier.html

  • Merci de nous caresser les yeux avec de si beaux vers … merci de nous enchanter de ces évocations subtiles … on voudrait passer la main sur les cheveux du blé … pleurer avec le colombe assouvie … toucher ce duvet que le doigt du vent dévie sur l’eau du ciel … avec la complicité de la lune … nous aussi, n’avons d’autres envies que d’être murmuré sans bruit, syllabe obscure des récits prononcés par l’insecte irisé et la sombre mousse …

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