« J’aime l’indépendance en tout, et je trouve qu’on n’est indépendant en rien à la campagne hors d’entrer et de sortir de chez soi, encore quand le temps le permet. Quant à s’amuser quand on veut, voir des amis, dîner en ville, aller seul ou en compagnie au spectacle, se promener en bonne compagnie, se procurer avec de l’argent tout ce dont on a besoin ou tout ce qui fait plaisir, se faire belle pour l’un et non pour l’autre, et satisfaire ses fantaisies comme et quand on le veut, il n’y faut pas compter dans une solitude, ordinairement loin même d’une petite ville, où l’on est accablé de voisins ou absolument abandonné, où on n’est servi promptement dans ce qu’on veut qu’à prix d’or, et en éreintant de pauvres diables qu’on fait courir jour et nuit. Tout cela est triste. La nature n’est pas bonne à voir de si près, cette belle vie est une véritable déchéance. Cela n’empêche pas que cette éternelle raison ne commande et ne soit obéie, et qu’enfin on ne tire parti des circonstances le mieux possible. Mais on rentre à Paris quand on le peut et c’est ce que je ferai dès que je le pourrai. »
Constance de Salm (Correspondance - Dyck, 21 septembre 1812)
Commentaires
Ce texte d'un autre temps n'a plus aucune pertinence aujourd'hui. Il nous éclaire sur les conditions d'une époque, et en cela il a de la valeur, mais il ne peut pas être juxtaposé à nos réalités actuelles. Encore que, je suis certain qu'on peut trouver de pleines poignées de brusseleers convaincus que la "province" n'est peuplée que de bouseux incultes.
Je rejoins le commentaire de « le Sanglier » … les citadins s'y "ressourcent" volontiers ... à la campagne ...
A Colo, que je remercie de son intérêt à mon égard, et qui se demande où je suis passé, je répond que je suis dans « l’enfer des déclarations fiscales » et autres tracasseries comptables de saison … de temps à autres, comme ce midi, je risque un œil « concupiscent » sur les écrits de Tania et vos commentaires … pour me « rafraîchir » l’esprit …
D'accord également avec Monsieur Le Sanglier.
Rafraîchissez-vous souvent Doulidelle, contente d'avoir de vos nouvelles.
Vous dites: "… les citadins s'y "ressourcent" volontiers ... à la campagne ...". Le contraire est tout aussi vrai.
Cette belle vie est une véritable déchéance ... elle n'y va pas de main morte, tout dépend quelle vie elle voulait mener.
@ le Sanglier : Ni la campagne ni la ville ne ressemblent aujourd'hui à la France de Constance de Salm, en effet.
@ Doulidelle : "S'y ressourcer", voilà exactement le mot, que ce soit à la campagne ou dans une réunion de famille, n'est-ce-pas?
@ Colo : "Voir des amis", quelle joie - à bientôt.
@ Aifelle : La "muse de la raison" s'exalte, la vie de château l'ennuie, ses amis surtout lui manquent. Ses propos excessifs m'ont fait sourire. Son exagération est peut-être ce qu'elle a de plus contemporain, dans un sens.