« Rien sur terre n’est impur pour les chimistes. L’homme de lettres doit être
aussi objectif que le chimiste ; il doit renoncer à la subjectivité de la vie et
savoir que les tas de fumier jouent dans le paysage un rôle très honorable et que les passions mauvaises sont, autant que les bonnes, inhérentes à la vie. »
A M. V. Kisseleva – Moscou, 14 janvier 1887
« J’ai la conviction profonde que tant qu’il y aura des forêts en Russie, des ravins, des nuits d’été, tant que l’on entendra le cri des bécasses et le pleur du vanneau, on n’oubliera ni vous, ni Tourgueniev, ni Tolstoï, ni Gogol. »
A D. V. Grigorovitch – Moscou, 12 janvier 1888
« Je tiens les étiquettes et les marques de fabrique pour des préjugés. Mon saint des saints, c’est le corps humain, la santé, l’intelligence, le talent, l’inspiration, l’amour et la liberté la plus absolue, la liberté vis-à-vis de la force et du mensonge, où que l’un et l’autre s’expriment. Voilà le programme auquel je me tiendrais, si j’étais un grand artiste. »
A A. N. Plechtcheev – Moscou, 4 octobre 1888
Tchekhov, Correspondance 1877-1904
Commentaires
120 ans et pas une ride sur les lacs de ses écrits...
Le premier extrait me touche infiniment, décidément je vais partir en chasse de cette correspondance ! merci Tania pour ce petit cadeau de fin d'année
« Rien sur terre n’est impur pour les chimistes » l’objectivité de l’homme de lettre devrait-elle s’en inspirer ? … oui … en tant qu’observateur ou relateur … pour le reste « les passions mauvaises sont, autant que les bonnes, inhérentes à la vie » et nécessitent d’être décrites par ceux qui en sont atteints ... pour l'universalité de la culture ...
J'ai la conviction profonde que tant qu'il y aura des forêts en Russie ... j'aime énormément cette phrase.
Il y aurait beaucoup à dire sur l'écrivain "chimiste" et sur les "étiquettes"... la "forêt" se contente d'être là, mais pour combien de temps encore ?
Je suis sur Facebook et j'ai une page consacrée à Tchekhov "Fous d'Anton Tchekhov". J'avais ce projet depuis longtemps et je l'ai concrétisé cet été, mon objectif étant de faire connaître l'oeuvre et l'homme, admirables. Quand j'ai lu ce que vous écrivez en citant abondamment la correspondance, j'ai été réellement impressionné par vos remarques, commentaires ou présentation.
Je vous laisse mes coordonnées et vous demande aussi si je peux vous citer comme source de renseignements possible. Bien à vous.
Si vous êtes sur Facebook, pourriez-vous accepter de voir mon site apparaitre sur votre page et vos "amis", je n'ai aucun autre moyen de faire de la pub... Merci d'avance.
@ Giorgio Cecchi : Je ne suis pas sur Facebook et ne le souhaite pas. Merci de votre intérêt pour mon blog. Votre page sur Tchekhov n'apparaissant pas librement quand on clique sur votre nom, les "fous de Tchekhov" gardent leur mystère.