« Avoir écrit quelque chose qui te laisse comme un fusil qui vient de tirer, encore ébranlé et brûlant, vidé de tout toi, où non seulement tu as déchargé tout ce que tu sais de toi-même mais ce que tu soupçonnes et supposes, et les sursauts, les fantômes, l’inconscient – avoir fait cela au prix d’une longue fatigue et d’une longue tension, avec une prudence faite de jours, de tremblements, de brusques découvertes et d’échecs, et en fixant toute sa vie sur ce point – s’apercevoir que tout cela est comme rien si un signe humain, un mot, une présence ne l’accueille pas, ne le réchauffe pas – et mourir de froid – parler dans le désert – être seul nuit et jour comme un mort. »
Cesare Pavese, Le métier de vivre (Tentation de l’écrivain, 27 juin 1946)
Commentaires
De l'autre côté des Alpes, avec Pavese dans une main et Moravia dans l'autre, j'arrive "à peu près" à marcher sur un fil.
Voilà un texte fort sur les affres de la création, littéraire ou autre.
Cela ressemble à une scène d'amour !