« Regagnant mon poste à la banque d’accueil, j’ai retrouvé le Jeune Livre en colère en train de dormir sur la table. A en juger par sa couverture sobre, presque neutre, il avait l’air tout calme, tout gentil. On aurait dit un de ces braves petits livres qui cajolent le lecteur. Rien ne laissait présager que ce mince volume d’apparence anodine était nerveux et angoissé, en proie à des cauchemars qui le rendaient malade. Il me faisait de la peine. Je me suis penchée sur lui, il respirait doucement, j’ai murmuré :
– C’est moi, la Bibliothécaire rouge. Je voudrais te dire quelque chose. Je trouve que tu es un bon livre. Grâce à toi, j’ai appris des tas de choses. Je parlerai de toi à mes amis. Je leur dirai lisez-le, vous ne le regretterez pas. »
Cyrille Martinez, La Bibliothèque noire