« Lara avait un jour demandé à Cléo comment juger du niveau d’une danseuse. La rapidité de ses gestes, sa souplesse, sa grâce ? Devant l’écran, elle comprit que c’était autre chose : cette capacité à ravir l’attention, toutes les attentions, par millions, dont celle de Lara. Cette capacité à donner envie d’être Cléo, agile, athlétique, précise et troublante.
Le générique de fin défilait sur les cuisses gainées de lycra noir de Cléo, elle enlaçait une danseuse d’un blond platine, toutes deux arboraient le même sourire laqué vermillon, la même frange de faux cils. La caméra hésita un instant entre elles deux puis choisit Cléo, zoomant sur sa peau scintillante, découpant la danseuse en vignettes dorées : seins, cuisses, fuselage d’une taille prise au plus serré, Cléo en pièces détachées, offerte à la France du samedi soir. »
Lola Lafon, Chavirer
Commentaires
C'est bien de lire ces extraits qui donnent faim...
Les extraits donnent un peu de la musique d'un texte, il est vrai. Bon week-end, Anne.
Passage qui me rappelle tout-à-fait une conversation avec ma nièce, qui a fait de la figuration dans une célèbre émission quand elle était étudiante, en tant que danseuse. Elle m'expliquait comment les cameraman cherchaient toujours la vue la plus suggestive ... Ça l'écoeurait.
Je l'imagine ! Il faut se forger une carapace dans ces métiers-là.
Voilà un beau passage éloquent. Lola Lafon décrit très justement une forme de prédation qui, parmi d'autres, pose un piège derrière le rêve de jeunes filles.
Je réemprunterai le livre, n'ayant pu le lire la première fois, mais c'est moins facile ces mois-ci avec le déménagement de la bibliothèque centrale des Chiroux.
Ah, j'ai entendu parler de ce déménagement. Une bibliothèque qui déménage, ça va souvent de pair avec de nouvelles ressources et plus de services - je vous le souhaite. Bon dimanche !
Que de prédateurs... Lola Lafon pose un regard juste il me semble. Belle semaine Tania. brigitte
Un regard juste - ce sont les mots justes, merci, Brigitte.