Le nom de Colette Nys-Mazure, vous l’avez déjà rencontré ici ou ailleurs, vous vous rappelez sans doute le succès de Célébration du quotidien. Aussi, depuis qu’Anne Le Maître a annoncé la publication de Chaque aurore te sera première, où ses aquarelles accompagnent les vers de la poétesse belge, avais-je fort envie de découvrir ce livret d’art paru à l’Atelier des Noyers.
En ouvrant ce petit carnet horizontal, j’ai été touchée et par les mots et par les illustrations, en parfait équilibre comme cette funambule sur la première aquarelle.
« Tu vas.
Tu avances en vie.
Parfois tu te retournes et t’étonnes :
Le temps, derrière toi,
Tapis de plus en plus vaste. »
Le premier des quintils de Colette Nys-Mazure donne le la. Regards en arrière, regards en avant, c’est un chemin de vie ou plutôt une attitude devant la vie qu’elle dessine avec sobriété dans Chaque aurore te sera première, en s’adressant à elle-même, à qui la lit. Elle y égrène éclats de souvenirs, présence au monde, aux autres, volonté de vivre en accueillant jusqu’au bout la beauté du jour qui se lève et même les dérobades de l’avenir, en refusant les « éteignoirs ».
Avec simplicité et grâce, comme dans un haïku, de ces vers courts se dégage la quintessence d’un credo tendre mais pas mièvre du tout.
« Avancer en vie t’intéresse.
Requiert ta vigilance.
Tu traques le neuf, l’inouï.
Tu souhaites rester coriace
D’un bout à l’autre. »
Poète et aquarelliste correspondent à merveille. Sagesse de l’herbe raconte des leçons qu’Anne Le Maître a reçues des chemins. Dans Chaque aurore te restera première, ses aquarelles en pleine page, imprégnées de grand air aux quatre saisons, prolongent cette vision du monde. Elle peint des arbres, des oiseaux, la mer, des silhouettes, le ciel... Paysage, atmosphère, vision, chacune de ses images est une échappée – déconfinement garanti.
Un opuscule précieux, à lire et à regarder : on s’y recharge de lumière.