« Où se vit la vraie vie, au sud ou au nord de la ville ? Elle croise une femme tenant un petit garçon par la main. Spontanément, Théodora sourit avant de lui parler. Elle cherche du travail, elle peut faire du ménage, son mari peut faire du jardinage, Théodora explique où ils habitent, leurs conditions de vie. « Nous savons lire et écrire. » Elle s’empêtre dans des explications. « Nous n’avons rien, nous revenons des camps. » La femme ne l’écoute pas, détourne la tête. Théodora entend la femme dire à son garçon « Tu dois te méfier des gens comme cette femme. Il ne faut pas leur parler ni les écouter, mais s’en détourner. Ne pas jouer avec leurs enfants, mais changer de trottoir. Tout ce qu’ils disent est mensonge et baratin. Ils sont la plaie du pays. » Théodora demande à la femme, à personne « La guerre n’est-elle pas finie pour nous aussi ? »
Un mot, tel un tourbillon, s’affole en elle « Pourquoi ? » »
Jean Marc Turine, La Théo des fleuves
Photo Pinterest
Commentaires
Superbe.
Nos pourquoi restent si souvent sans réponse!!
Mais les questions restent...
Terrible situation, humiliante aussi.
Cela nous mène à nous interroger sur nous-mêmes, sur ce que nous faisons / ne faisons pas pour tous ces gens que souvent nous voyons en rue, parfois assis ou couchés attendant un miracle peut-être...
Comme toi, j'y ai pensé en lisant ce roman et en particulier à la femme assise près de la porte de la supérette près de chez moi, toujours souriante. Un jour, j'ai essayé de parler plus longuement avec elle, mais elle a coupé court.
Imperméabilité entre deux mondes, frontières infranchissables, rejet...oui, le texte choisi pousse à s'interroger. Merci Tania et Belle journée !
A toi aussi, Claudie.