« En plein jour, assise devant la machine à écrire, elle mit ses lunettes. Elle divisa le livre selon les pages qu’elle voulait traduire par jour ; y porta au crayon la date du jour respectif : à la fin du livre, c’était déjà une journée de printemps. Hésitante, feuilletant en même temps un dictionnaire, nettoyant un caractère de la machine avec une épingle, essuyant les touches avec un chiffon, elle écrivit le texte suivant : « Jusqu’ici tous les hommes m’ont affaiblie. Mon mari dit de moi : « Michèle est forte. » En réalité il veut que je sois forte pour ce qui ne l’intéresse pas : les enfants, le ménage, les impôts. Mais il me détruit dans mon travail, tel que je me l’imagine. Il dit : « Ma femme est une rêveuse. » Si rêver veut dire, être ce qu’on est, alors je veux être une rêveuse. » »
Peter Handke, La femme gauchère
Commentaires
Beaucoup de femmes pourraient dire la même chose je pense. (et je me souviens le temps où l'on nettoyait les caractères de machine à écrire avec une épingle !)
Heureusement, aujourd'hui beaucoup de femmes exercent leur métier avec force et de plus en plus d'hommes partagent les tâches d'éducation et de ménage. Quel beau défi de vivre ensemble sans affaiblir l'autre.
boudiou de boudiou, que c'est reconnaissable!!!
N'est-ce pas ? Bon week-end, Adrienne.
bel extrait, merci tania
Avec plaisir, Niki.
Si vrai, oh oui!...
Si de plus en plus d'hommes "aident" et "partagent" comme tu écris, peu prennent en main l'organisation générale, cette logistique que requiert la vie où les deux travaillent et où il y a des enfants...épuisant mentalement aussi.
Tu as raison de le rappeler. Bon dimanche, Colo.
Oui oui, on reconnaît bien le mécanisme. Forte pour ce qui me rebute, allez ma femme est forte. Ma femme est forte aussi car si je la largue elle s'en sortira, si je la trompe elle encaissera. Hahaha... chanson connue :D
Gai prolongement, Edmée !
Chouette d'afficher un extrait. Il me fait penser à ma "Lettera 32" qui dort au fond du placard :-)
Bon dimanche, Tania.
Nos claviers ont pris la relève. Bonne semaine, Fifi.
Chère Tania,
Merci pour tes deux messages, qui m'ont beaucoup touchés. A la "question" du dernier, je ne peux répondre que par "Pas vraiment", mais difficile d'en dire plus ici. Je t'adresse toutes mes amitiés.
J'en suis désolée, Annie. Courage & merci pour ton passage ici.