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Adichie Americanah.jpg« Alexa, et les autres invités, peut-être même Georgina, comprenaient tous la fuite devant la guerre, devant la pauvreté qui broyait l’âme humaine, mais ils étaient incapables de comprendre le besoin d’échapper à la léthargie pesante du manque de choix. Ils ne comprenaient pas des gens comme lui, qui avaient été bien nourris, n’avaient pas manqué d’eau, mais étaient englués dans l’insatisfaction, conditionnés depuis leur naissance à regarder ailleurs, éternellement convaincus que la vie véritable se déroulait dans cet ailleurs, étaient aujourd’hui prêts à commettre des actes dangereux, des actes illégaux, pour pouvoir partir, bien qu’aucun d’entre eux ne meure de faim, n’ait été violé, ou ne fuie des villages incendiés, simplement avide d’avoir le choix, avide de certitude. »

Chimamanda Ngozi Adichie, Americanah

Commentaires

  • Dans le contexte du roman, je ne sais pas dans quel sens va cet extrait, mais aller toujours vers un ailleurs rêvé forcément meilleur peut être aussi une fuite perpétuelle.

  • @ Adrienne : Ca ne va pas nécessairement de soi.

    @ Aifelle : Pour te situer l'extrait (chapitre 29), il conclut une discussion, au cours d'un dîner en Angleterre, sur la fascination des Africains pour l'Amérique, sur les différences de perception de la race en Europe et en Amérique, qui fait dire finalement à quelqu'un : "Les gens qui ont survécu à des conflits terribles doivent absolument être autorisés à venir ici." Quand Obinze est invité à approuver cette déclaration, "un sentiment d'aliénation le parcourut comme un frisson." (phrase précédant le paragraphe que j'ai repris).

  • Nous sommes dans un monde où les conflits poussent les gens à fuir, à chercher ailleurs un mieux être, ou tout simplement à échapper à la mort.

  • @ Aifelle : Avec plaisir. Bon dimanche, Aifelle.

    @ Chinou : Les conflits perpétuels qui perturbent leurs études au pays poussent ces jeunes à chercher ailleurs plus de stabilité, de possibilités - certains en reviennent.

  • je note, bien que pour le moment, je n'ai pas trop envie de lectures sérieuses ;)

  • A toi de voir, Niki. Est-ce un roman sérieux ? Oui et non, je l'ai trouvé très accessible, avec des dialogues familiers très différents de cet extrait-ci.

  • J'ai beaucoup aimé ce livre. Le parcours d'Obinze et ses difficultés en Angleterre sont très emblématiques de la situation de tous les immigrés en Europe et pourtant il a en principe de bonnes cartes en mains, il est d'une famille honorable, il fait des études de haut niveau et pourtant... il subit un racisme épouvantable. Chimamanda a écrit un petit opus intéressant "Nous sommes toutes des féministes" en se présentant comme une féministe qui aime les hommes. Et L'hibiscus pourpre que j'attends, il est très demandé à la médiathèque.
    Merci Tania

  • Ce que nous ne comprenons pas souvent c'est "conditionnés depuis leur naissance à regarder ailleurs..", c'est bien cela qui empêche le choix donc(à cause d'images de la télévision souvent).
    De plus en plus d'africains venus chez nous retournent chez eux, du moins dans les pays stables, leur rêve d'accueil et de luxe brisé...

  • @ Zoë Lucider : Merci de revenir sur les difficultés d'Obinze dont j'ai moins parlé. Les autres titres de Chimamanda Adichie sont notés, je les lirai aussi.

    @ Colo : Tu as raison pour la télévision, Adichie en parle. Non seulement ces jeunes d'un milieu instruit ont de nombreuses connaissances parties à l'étranger, Amérique ou Europe, mais ils sont baignés dans la culture américaine découverte à travers de vieux magazines, les shows télévisés, la littérature américaine.

  • C’est peut-être aussi le besoin très humain, rêve ou illusion, entretenu aujourd’hui par tous les écrans, d’aller voir ailleurs ? Une façon d’avancer, mais malheureusement de plus en plus maintenant aussi de risquer de tout perdre.

  • @ Annie : Bien sûr. "Americanah" montre bien tout ce que cela met en jeu. Merci, Annie.

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