« Hier, dans les collines de Piddinghoe, j’ai été prise sur le fait par Mr. Gwynne, un homme noble : chasseur, maigre et desséché, avec des yeux pareils à deux petits galets mouillés ; un homme pas commode. Je lui ai souri. Lui, craignant sans doute quelque inconvenance de ma part (j’étais en train de me faufiler sous les fils barbelés, avec ma cagoule de laine sur la tête) m’a demandé :
« D’où venez-vous comme cela ?
– Je me promène, simplement.
– Ceci est une propriété privée.
– J’espère que je ne suis pas en train de compromettre votre partie de chasse ?
– Pas du tout. Je vous en prie, continuez… »
Il aura sûrement demandé à son épouse qui était cette femme bizarrement accoutrée qui vit à Rodmell. Elle aura deviné : Mrs. Woolf. Il aura répondu… »
Virginia Woolf, Journal (samedi 6 janvier 1940)
St John's parish church, Piddinghoe, Kent, seen from the west © Iain Macaulay / http://www.geograph.org.uk
Commentaires
Oh que cette simple promenade donne envie, la cagoule, l'interdit gentiment piétiné, la bienveillance... Merci!
aïe ça m'est arrivé aussi ce genre de truc, mais le monsieur n'était pas noble (et je n'avais pas de cagoule ;-))
Ça fait très "grand monde" cette scène ! on s'attend à une suite romantique.
Ce n'était pas plutôt le Père Noël qui passait sous la clôture ? Je te souhaite un beau passage à 2017, Tania ! Que l'année nouvelle te réserve le meilleur.
@ Edmée De Xhavée : Le temps était plus à la balade hier, sous le soleil.
Vive la bienveillance !
@ Adrienne : Et pas de taureau dans la prairie, j'espère ;-)
@ Aifelle : Le sens de la repartie, en effet !
@ Danièle : Merci, Danièle, meilleurs vœux pour 2017.
C'est bien d'elle de se faufiler sous les barbelés !
Bonne journée. J'espère que mon commentaire va être enregistré.
N'est-ce pas ? Bonne journée, ici elle a commencé sous la pluie.
(Désolée des difficultés à l'envoi des commentaires, souvent trop lent, merci de persévérer.)