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Trois pièces

Colette dans son appartement.jpg« Le petit appartement que j’occupais à cette époque faisait l’envie de mes rares visiteurs. Mais je connus vite qu’il ne me retiendrait pas longtemps. Non que ses trois pièces – disons deux pièces et demie – fussent incommodes, mais elles mettaient en évidence des objets impairs qui, sous d’autres lambris, avaient été pairs. Je ne possédais plus qu’une des deux potiches rouges, montée en lampe. Le second fauteuil Louis XV, absent, il tendait ailleurs ses maigres bras à un repos qui n’était pas le mien. Ma bibliothèque plate attendait vainement l’autre bibliothèque plate, et l’attend encore. »

Colette, La lune de pluie, Mille et une nuits, 2000, page 62. 

Colette (1873-1954) dans son appartement du Palais-Royal, à Paris, 1935. © Albert Harlingue / Roger-Viollet

 

Commentaires

  • je connais très exactement ce même sentiment dans ma petite maison dont tout le monde dit "oh mais tu es bien, ici!", surtout les gens qui ont deux ou trois fois plus de surface habitable que moi ;-)

  • Le manque ... changer pour avoir moins. J'ai un exemple en ce moment sous les yeux, ce n'est pas facile, même si on se dit qu'il y a pire dans la vie.

  • Magnifiques extraits, textes ciselés et choisis avec soin.
    Immense plaisir que cette écriture, ces notations..

  • Le texte ne me touche pas trop; désolée, Tania, les objets impairs, tout ça... l'intérêt porté à ce genre de détails. Suis-je la seule à penser ainsi? je suis presque gênée de dire cela! Critiquer Colette! mais ce n'est pas la Colette que j'aime.

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