« Ingrid observe ses parents (à la dérobée ?) : D’un côté l’incarnation du parfait patriote, à qui des puissances contraires rendent la vie dure et qui ne peut s’empêcher de craindre que l’esprit impur, par des interstices et des sutures éclatées, ne s’insinue dans l’âme autrichienne. De l’autre la femme au foyer déjà concassée par le moulin du mariage, arêtes un peu émoussées, flûtiste et apicultrice, qui se tient soigneusement à l’écart de tous les conflits, ou plutôt non, attendez, qui fait seulement semblant de se tenir à l’écart, mais cherche en même temps à arrondir les angles, à l’arrière-plan, et dont on peut dire au bout du compte, pour être juste, qu’elle obtient davantage de son mari comme ça, sans y toucher, qu’Ingrid avec sa franche révolte. »
Arno Geiger, Tout va bien
Commentaires
on est dans le "vrai", avec ce genre de portrait sans concession ;-)
L'attitude de bien des femmes ..
@ Adrienne : En effet, le regard de leur fille ne laisse rien passer.
@ Aifelle : De la stratégie, il en faut pour résoudre les conflits - des deux côtés.
Stratégie et diplomatie, le couple, pour celui-là n'est-ce déjà même plus la tendre guerre ? (Jacques Brel, Les vieux amants).
Geiger n'épargne ni les hommes ni les femmes, dans cette histoire - tendresse en péril.
Une bien belle écriture aux métaphores cinglantes !
Un bon traducteur, à en juger par la qualité du français.
Bonne fin de journée, Margotte.
portrait dur, mais si vrai
Geiger sait observer les failles. Bonsoir, Niki.